I am always hungry
& wanting to have
sex. This is a fact.
If you get right
down to it the new
unprocessed peanut
butter is no damn
good & you should
buy it in a jar as
always in the
largest supermarket
you know. And
I am an enemy
of change, as
you know. All
the things I
embrace as new
are in
fact old things,
re-released : swimming,
the sensation of
being dirty in
body and mind
summer as a
time to do
nothing and make
no money. Prayer
as a last re-
sort. Pleasure
as a means,
and then a
means again
with no ends
in sight. I am
absolutely in opposition
to all kinds of
goals. I have
no desire to know 
where this, anything
is getting me.
When the water
boils I get
a cup of tea.
Accidentally I
read all the
works of Proust.
It was summer
I was there
so was he. I
write because
I would like
to be used for
years after
my death. Not
only my body
will be compost
but the thoughts
I left during
my life. During
my life I was
a woman with
hazel eyes. Out
the window
is a crooked
silo. Parts
of your
body I think
of as stripes
which I have
learned to
love along. We
swim naked
in ponds &
I write be-
hind your
back. My thoughts
about you are
not exactly
forbidden, but
exalted because
they are useless,
not intended
to get you
because I have
you & you love
me. It’s more
like a playground
where I play
with my reflection
of you until
you come back
and into the
real you I
get to sink
my teeth. With
you I know how
to relax. &
so I work
behind your
back. Which
is lovely.
Nature
is out of control
you tell me &
that’s what’s so
good about
it. I’m immoderately
in love with you,
knocked out by
all your new
white hair
 
why shouldn’t
something
I have always
known be the
very best there
is. I love
you from my
childhood,
starting back
there when
one day was
just like the
rest, random
growth and
breezes, constant
love, a sand-
wich in the
middle of
day,
a tiny step
in the vastly
conventional
path of
the Sun. I
squint. I
wink. I
take the
ride.
J’ai toujours faim
& envie de faire
l’amour. C’est un fait.
En fin
de compte le fameux
beurre de cacahuète
maison vaut pas grand
chose & il vaut mieux
l’acheter en pot comme
d’habitude dans le
plus grand supermarché
du coin. Car
j’ai horreur
du changement, comme
tu le sais. Tous
ces trucs auxquels
j’adhère car c’est la mode
sont en
réalité de vieux trucs
remâchés : nager,
la sensation d’être
sale dans le
corps et l’esprit
l’été comme une
période où l’on fait
rien et où l’on gagne
rien. Prier
mais en dernier re-
cours. Le plaisir
comme moyen,
et de là un
moyen encore
sans aucun but
en vue. Je suis
complètement contre
toute espèce
d’objectifs. J’ai
aucune envie de savoir
où tout, n’importe quoi
me mène.
Lorsque l’eau
bout j’attrape
une tasse de thé.
Par hasard je
lis toutes les
œuvres de Proust.
C’était l’été
j’étais là
lui aussi. Si
j’écris c’est car
j’aimerais bien
pouvoir servir encore
longtemps après
ma mort. Non
seulement mon corps
en compost
mais les idées
semées au fil
de ma vie. Au fil
de ma vie j’étais
une femme avec
des yeux noisette. De l’autre
côté de la fenêtre
on voit un vieux
silo. Des bouts
de ton
corps auquel je pense
comme des zébrures
que j’ai
appris à
aimer avec le temps. Nous
nageons nus
dans les lacs &
j’écris de-
rrière ton
dos. Mes pensées
te concernant ne sont
pas vraiment
interdites, mais
exaltées car
ce qu’elles sont futiles,
jamais censées
t’atteindre
car je t’ai
toi & toi tu
m’aimes. C’est plus
comme un terrain de jeu
et moi je joue
avec un reflet
de toi jusqu’à
ce que tu reviennes
que dans ton toi
réel je puisse
enfin enfouir
mes dents. Avec
toi je sais comment
me détendre. &
c’est ainsi que j’œuvre
derrière ton
dos. Comme
c’est beau.
La nature
se déchaîne
me dis-tu &
c’est précisément ce qui
est bon en
elle. Je suis immodérément
amoureuse de toi,
ébahie par
chaque nouveau
cheveux blanc


pourquoi ne faudrait-il pas
que quelque chose
que j’ai toujours
connu soit bien
la meilleure chose qui
soit. Je
t’aime depuis mon
enfance,
souviens-toi
c’était
ce jour qui
comme n’importe quel
autre, n’importe quelle
pousse quelle
brise, amour
continuel, sand-
wich en plein
milieu du
jour,
un petit pas
dans la
traditionnelle
courbe du
Soleil. Je
louche. Je
cligne. Je
prends le
risque.

mardi 10 septembre 2013 - vendredi 15 décembre 2023


J’ignore d’où provient le poème intitulé Peanut Butter, de Eileen Myles. Je l’ai découvert quelque part, courant 2012, au détour d’un tweet du dénommé Joey Comeau. La version anglaise que j’ai lue se trouve ici, sur le site de la Poetry Foundation. Je propose sur cette page une lecture en bilingue, car c’est précisément comme ça que je l’ai travaillé et que, du fait de la présentation du texte, il m’était difficile de le rendre autrement. La traduction proposée sur cette page étant purement gratuite et 100% non-autorisée, je m’engage à la retirer si d’aventure l’auteur et/ou l’éditeur de ce texte en fait la demande.





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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

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