Dans le rêve, tu étais assis quelque part au restaurant avec lui. À ta gauche, des personnes bien réelles (mais complètement fictives) rejouaient une scène cathodique empruntée à Dieu sait quel spectacle dit ou talk show. À ta droite, l’acteur venu d’un film se répétant sous tes yeux à mesure que tu l’observes. Le film était fictif, Harrison Ford jouait dedans, mais jeune, c’était en rapport avec l’aviation à hélices.

Tu as quelque chose dans les yeux dans les tempes dans les demi-paupières mais ce ne sont pas réellement les tâches d’essence les étincelles les galaxies habituelles quand tu les fermes, les demi-paupières, non, c’est autre chose, ça n’aurait aucun nom, ce serait quelque part en sommeil et en plomb.

Le truc que tu tentes maladroitement d’écrire depuis dix ou quinze jours et sur lequel tu as encore passé ton après-midi ne fonctionne pas. Ce n’est pas mauvais en soi et tu ne sais pas exactement nommer ce qui ne te plait pas mais, oui, la formule est correcte : ça ne fonctionne pas. Tu crains de ne pas être capable d’écrire quelque chose de cette trempe, c’est-à-dire quelque chose qu’on lirait avec plaisir et dont on attendrait impatiemment la suite (et ça te fend le cœur). Tu recommences quand même.

Nous traversâmes des contrées plus étranges encore que tout ce que j’avais vu jusqu’à ce jour. Des territoires au nombre de dimensions fluctuant, aux couleurs qu’aucun humain n’avait jamais contemplées, où le vivant et l’inanimé se confondaient, où les plantes devenaient des poèmes et les poèmes nos propres battements de cœur… Puis nous finîmes par déboucher sur les cavernes d’Alkeyziit, un nexus connu et fréquenté, au carrefour de dizaines de mondes.

Jacques Fuentealba, Jason & Robur #3, L’abominable homme des neiges, Walrus