La voix de Noir était semblable au son émis par un moteur diesel puissant mais fatigué. Avec effort, il déchiffrait les mots qu’il avait écrits avec plus d’effort encore, sur la feuille qu’il tenait à présent devant lui, froissée et tremblante.
—  Maman est morte… Nous n’avons plus rien… Nous sommes orphelins… J’ai l’impression que je suis au-dessus d’un trou et que je vais tomber… J’ai l’impression que je tombe et que je tomberai toute ma vie… Je ne lui ai jamais rien dit… J’aurais voulu lui dire au moins une fois que… Même si elle nous avait donnés à la voisine… Même si elle n’avait pas pris soin de nous… Je l’aimais… Un homme est venu et nous a dit qu’elle avait été tuée… C’est comme si on m’avait arraché la peau… Maintenant que je suis mort aussi, je vais retrouver cet homme. Avec mes frères, on va retrouver cet homme… Et on le tuera… Et on le mangera… Et on tuera toute sa famille… Et après, on se sentira mieux… Voilà.

Thomas Gunzig, Manuel de survie à l’usage des incapables, Au Diable Vauvert

On t’inclut plus ou moins contre ton gré dans une pièce musicale et parlée dans laquelle tu es censé jouer les seconds rôles, mais que les choses soient claires : tu refuses toute réplique et tu te contenteras de jouer de la quinte, de la toux, comme initialement prévu.

Au sortir du taf, tu plonges sciemment dans une rame retardée, et tu sais à l’avance qu’elle mettra bien le double du temps habituel pour rallier ta station, rien que pour pouvoir lire plus que ce que tu aurais lu en d’autres circonstances.

Le soir, 795 mots d’un /// orphelin qui pourrait faire office d’ouverture de chapitre, écrit le long d’un épisode idiot d’American Dad et après la vision postapocalyptique d’un môme. C’est justement comme ça que /// devrait être écrit, puis mis en ligne : dans le désordre le plus complet.