Je note sans bouger le nom de György Cziffra, ça pourrait me servir.

Repris ce recueil d’occasion acheté transatlantiquement en mars 2011 (c’est quelque chose que je ne fais plus : noter la date sur une page de mes livres juste après leur achat) et qui s’appelle The Ice at the Bottom of the World (Mark Richard). Je me demande souvent, sans trop savoir pourquoi, comment je le rendrais en français ce titre : La glace du bout du monde, La glace au fond du monde ou, plus vraisemblablement, et quitte à s’écarter des mots, parce que nous aimerions aller jusqu’à Jules Verne, La glace au centre de la terre. Tenté de livre la nouvelle titre, pas pu. Tenté de lire un autre texte pris au hasard et qui s’appelle Fishboy, pas pu. Et pourtant je relis plusieurs fois l’incipit, qui dure un paragraphe. Pour le lire il faudrait le traduire en entier.

I began as a boy, as a human-being boy, a boy with a secret at sea and sentenced to cook in Big Miss Magine’s stone-scoured pot, my long fish body laid, tail flipping, into that solid stone pot, scales ripped and skin slipping from my meat tissue-threaded in the simmer, my body floating from my long, fish-bodied bones, my bones boiled through and through down to a hot bubbly sweet steaming broth, lisping whispers of steam twisting to the ceiling, curling in your curtains, speaking to you in your sleep.

Mark Richard, Fishboy in The Girl at the Bottom of the World, Anchor Books, P.105

À l’origine j’étais un garçon, un garçon humain, avec un secret à la mer et condamné à cuir dans la marmite terreuse de Big Miss Magine, mon grand corps poissonneux jeté là, queue tremblante, dans cette grosse marmite en pierre, écailles raclées, peau épluchée, chair filetée mijotante, mon corps flottant sous mon squelette d’arêtes, mes os bouillis et re-bouillis dans un bouillon sucré, humide et plein d’écume, murmurant des murmures en brumes qui serpentent au plafond, s’enroulent dans tes rideaux la nuit et qui te parlent dans ton sommeil.

Au lent fil de l’Einstein, durant le train de nuit, on dirait quelque chose comme Akira, le film, pas la version papier, ça vient je crois de l’orgue (et puis elle sort un flingue).


mardi 28 janvier 2014 - mercredi 24 avril 2024




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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

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