Je déteste le bruit des bris de verre dans le container sans fin quand les bouteilles s’enfoncent, je sais pas ce que c’est un serviteur muet et j’ai jamais entendu parler de Genna Pompadec mais je suis déchiré par des questionnements esthétiques qui, je l’imagine, taraudent aussi d’autres auteurs. Par exemple suivre une narration cadrée et/ou écrire viscéralement. Et sur le seuil de Morphine(s), forcément, ça oscille. Raconter, c’est comme un autre langage. Mais jusqu’où raconter ? Et bien que je sois attaché à une vie d’intuition et d’impulsion dans l’écriture je ne peux pas pour autant passer mon temps parler tout seul dans de la brume épaisse. D’ailleurs, je me mets toujours dans des situations impossibles : par exemple, on dirait que je m’arrange pour que les choses ne soient pas claires. Là, dans les vidéos de promotion d’ADP, plutôt que de suivre la numérotation d’origine (de 2 à 7, déjà ça part mal), je me retrouve à les mettre en ligne dans le désordre, ce qui m’oblige à tracer des correspondances. Ou là, dans ce truc que je commence à traduire, je suis parti d’une première source, puis continué sur une autre. Le texte est le même en définitive (ça n’a pas été publié au même endroit, ni au même moment), mais je dois donc pendant un moment vérifier que chaque phrase sur chaque support était bien identique (oui, donc). Quant à la Kobo hémiplégique, elle a de plus en plus de mal à s’allumer, à rafraichir parfois les pages, sans parler du calvaire que c’est désormais de surligner quoi que ce soit. Cinq ans après avoir été achetée, elle est probablement en train de basculer dans un comas mécanique dû à l’obsolescence pré-programmée et je ne parviens ni à me résoudre à la remplacer avant qu’elle tombe en rade, ni à accepter que l’ensemble de ma bibliothèque numérique (et surtout de mes notes), eh bien, disparaissent. Je vais probablement, donc, ne rien faire (good). Mais ce truc à traduire avance, même si ce n’est qu’un free sample. Là, je ressentais le besoin comme souvent d’effacer le texte anglais et ne garder en visuel que le mien. J’ai besoin de l’oublier. Ensuite, seulement, je mesurerai l’écart avant de revenir doucement dans son sillage. Et le temps que j’écrive cette phrase, une nuit tout entière est tombée.


mardi 12 mars 2019 - lundi 22 avril 2024




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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)