On n’entend rien, mais parfaitement. Sur le parvis de l’église Saint-Saturnin, un chien s’effraie d’une chose qui n’a pas encore d’ombre et aboie sans conviction. Dans la rue, les fenêtres aspirent l’air chaud, l’air chaud meuble l’obscurité, l’obscurité se détache des pierres, tout est cycle et sensuel, on vit enfin le cœur d’été.

Claro, Tous les diamants du ciel, Actes Sud

Nous sommes le treize, je me croyais le vingt. Non, ce n’était pas exactement ça : je me croyais le treize, mais je pensais aussi que le treize aurait lieu quelque chose qui n’interviendra finalement que le vingt. J’ai mélangé ça dans ma tête, les dates, les choses, le temps, j’ignore pourquoi du reste. Et voilà comment j’en suis venu à écrire (après l’avoir pensé) quelque chose comme du reste. Il faut en revenir malgré tout à des trucs plus concrets. Par exemple, ce matin mon rôle sera de mettre des petites croix dans des cases. C’est comme ça. Utile même. Pas réellement enthousiasmant. Mais il faut le faire. Derrière (et quelques heures de tableurs en plus à venir, quelques manipulations informatiques et quelques heures encore d’envois de relevés), nos auteurs ¹ pourront être payés de leurs droits 2018. Que ça commence en tout et pour tout par une croix dans une case n’a finalement pas grande importance. C’est comme cette couverture en poche de Pour un nouveau roman : de loin et pas réveillé, Robbe-Grillet jeune ressemble à Maradona vieux. Autant dire donc qu’ils ne se ressemblent pas. Là, Tartelette est entrée par effraction dans l’armoire et s’en prend à des fringues (qui sait va-t-elle peut-être maintenant m’en piquer quelques unes, se déguiser en moi et prendre ma place dans la vie ? eh bien bon courage, ma jolie), probablement qu’elle se sent seule. C’est le cas aussi de l’administration fiscale qui me demande de payer un truc avec majoration, un truc dont je suis en théorie exonéré. Il va falloir leur écrire. Pour qu’ils se sentent un peu moins seuls ?