Bien avant qu’on se retrouve tous de par le monde à assister à la prise du Capitole américain par une foule d’armés fascistes (dont certains affublés de t-shirt Camp Auschwitz) en temps réel, nettoyant les éclats de verre brisé sur le carrelage je me disais : ça faisait longtemps que je n’avais pas cassé un verre. Le fait que ce ne soit pas un verre mais un sablier ne m’a pas traversé l’esprit, puis finalement si, car c’est inhabituel du sable coloré dans les bris quand on balaye (bien que finalement, le sable n’est qu’une étape précédent sa vitrification quand on y pense). Voilà, j’étais là, je n’y pensais pas, puis j’y ai pensé. C’est tout. Ça pourrait être tout. Mais mon ancienne collègue M. m’a envoyé un message, ses vœux pour 2021, m’apprenant par ailleurs ce que je supposais déjà : qu’un plan de licenciements économiques avait eu lieu chez STAT l’an dernier et qu’elle n’y travaillait plus. C’est une situation liée de près au covid, et quelque part peu surprenante. Cela tourne une page néanmoins : il n’y a plus personne dans les locaux actuels, et qui n’ont eu de cesse de s’agrandir ces dernières années, à qui il me viendrait à l’esprit de faire une visite à supposer que je sois de passage dans le quartier. Je ne sais d’où viennent les décisions finales (de la filiale ou de l’Europe, du CEO anciennement CFO ou de l’Asie). Le groupe est coté à la bourse de Hong-Kong et pèse aujourd’hui près de 20 Milliards de dollars de capitalisation. Mais le covid ne fait pas tout : si on regarde les courbes, après un pic en mai 2018, la valeur n’a cessé de plonger. Bien avant l’épidémie, donc. Cela correspond au moment où le précédent CEO a dû démissionner : le brave homme avait falsifié ses diplômes et cela s’était su. Courant 2019, la valeur d’une action du groupe valait (17 dollars de Hong-Kong, ou HKD) plus de deux fois moins qu’au printemps 2018 (35HKD). 2020 accentuera cette tendance, pour les raisons que l’on sait : alors que fin décembre 19 l’action avoisinait les 18HKD, elle tombe à presque 6 en avril. Avant de remonter un peu en juin (8,35) puis de remonter brutalement en fin d’année aux alentours de 13,50, son cours actuel. Elle retrouve grosso modo sa valeur de 2011, année où j’ai commencé à y travailler, et moment de l’entrée en bourse à Hong Kong justement. Le cours n’avait cessé de monter ensuite, boosté par les bons résultats du groupe, mais aussi il faut bien le dire une série de rachat de concurrents. Aujourd’hui, après avoir fait des pertes d’environ 1 Milliard de dollars en 2020 (mais avec une réserve de liquidités, sic, de 1.6 Milliards nous apprend un article boursier), le pire serait derrière eux. L’article ne dit pas si le rebond de la courbe du second semestre est dû aux plans de licenciements (sans doute pas ceux de la seule filiale France, mais d’autres en Europe et dans le reste du monde). Le siège du groupe, contrairement à tous les usages internes quand j’y travaillais n’est ni domicilié en Europe de l’est, ni aux USA, où la marque est née il y a plus d’un siècle, pays dans lequel donc ce coup d’état en plastique est en cours, ni en Angleterre mais au Luxembourg, où tout est toujours plus calme, à commencer par les livres de comptes des entreprises qui licencient.