Nous avons chacun un flacon de liquide hydroalcoolique pour en pulvériser sur des choses que l’on touche. L’aération du ménage se fait l’après-midi au rez-de-chaussée, lorsque le réchauffement climatique nous porte, mais le matin à l’étage où les toits sont pentus. Cet italique sort bizarre : on dirait qu’il y a comme de la graisse dessus. Des chiens robotiques policiers patrouillent le Bronx. Comment voir (et surtout dans quel ordre) Gundam ? La caissière du U me dit quelque chose et je la fais redire car j’écoutais « Old Stars ». Vous ferez attention de ne pas perdre en route des spaghettis. Le carton est un peu ouvert. Pas de risque. Il y a un plastique à l’intérieur qui nous soustrait aux terribles lois de Newton qui affecte donc, aussi, manifestement, la chute des pâtes. Quelle journée.

Tu te laisses faire et tu penses que ce jeune homme, certes, est en train de s’entraîner à secourir un noyé, mais peut-être, sans le savoir, est-il en train de te sauver : tout un symbole, un homme — jeune — qui en sauve un autre — vieillissant, naufragé et en voie d’andropause. Quand le jeune sauveteur et toi-même touchez au but, tu regrettes que ce soit déjà fini, que cette sensation, à la fois de manège et de sauvetage, s’interrompe. Poliment le jeune homme te remercie, remerciement que tu lui rends, du fond du cœur, non de t’avoir sauvé d’un péril qui n’a jamais eu lieu — Johnny Weissmuller n’a besoin de personne pour rejoindre le bord de la piscine, merci —, mais de t’avoir extirpé du danger avéré de la solitude et du délaissement. Et c’est la première fois depuis une semaine que quelqu’un te prend dans ses bras.

Philippe De Jonckheere, Le rapport sexuel n’existe plus, Inculte, P. 188