Il n’y a rien à dire. Tout est pesanteur et pesant. Il a beau faire grand beau il fait blême. On a beau avancer on recule. Il n’est pas impossible que je me sois trompé. Peut-être qu’en réalité la littérature ne peut rien pour moi, et que moi je ne peux rien pour elle. Ce serait banal finalement comme prise de conscience. Et combien d’autres avant moi l’ont déjà eu ? Mais si jamais c’est vrai, que de temps perdu ces quinze dernière années. Sur les réseaux je cesse de suivre des journalistes culturels qui considèrent que des livres sans relief sont des livres qui comptent. L’autrice est écrivaine et scénariste et pourtant tous les dialogues qu’on trouve dans l’extrait présenté par l’éditeur (pour ne parler que des dialogues) sont édifiants. Ils s’adressent au lecteur, et ils s’adressent entre eux, comme s’adresse au téléspectateur le présentateur du JT censé rassembler un large public. Sauf qu’il n’y a plus de large public nulle part. Tout le monde fuit. Personne ne lit plus les faux livres, ni ne regarde les faux JT du reste, puisque ces produits sont conçus pour qu’on puisse les consommer sans y être. Quand on y est, on n’y est donc pas. Peut-être que je n’y comprends rien à la littérature, au fond, pour avoir un goût si divergent du goût des bouches de mon temps. Ou peut-être que ces bouches n’ont plus conscience de mâcher non de la viande de bœuf mais du minerai de cheval bombardé d’exhausteurs de goût, ne faisant plus la différence entre telle et telle bête. Mon premier réflexe c’est de penser ça, que c’est de la paresse, que c’est une facilité de leur part, d’attraper ce que l’industrie leur recrache tout chaud, prêt à être remangé. Et puis ensuite je reviens sur mes premières impressions et je m’en prends à moi. Si je suis le seul à trouver que ces mets ont un goût amer c’est sans doute que l’amertume vient de moi. Comment faire pour s’en défaire, de ça ? Une pensée me vient qui peut-être n’a rien à voir, ou peut-être au contraire tout : du point de vue humain, tout ressemble toujours à une catastrophe alors qu’en réalité, à l’échelle de la planète ou du cosmos, il ne s’agit jamais que de trucs.
♗Les plus lus : 270513 · 100813 · 130713 · 120614 · 290813 · 271113 · 010918 · 211113 · Fuir est une pulsion, listing adolescent · 120514 ·Derniers articles : 280224 · 270224 · 260224 · 250224 · 240224 · 230224 · 220224 · 210224 · 200224 · 190224 · Au hasard : Écrire kbb #2 · 160923 · 301112 · 010113 · 140815 · 230912 · Lune(s) #1 · Au quatrième étage · 190317 · 241123 · |
♘Quelques mots clés au hasard : Ludovic Degroote · Nils Frahm · Louis-René des Forêts · Italo Calvino · Tomohiro Maekawa · Pierre Cendors · L’impératrice · Nikolaï Zabolotski · Nunzio D’Annibale · Alain Giorgetti · Jean-Philippe Toussaint · Francis Scott Fitzgerald · Le loup · Marc Jahjah · Stéphanie Benson · Luis Garcia Montero · Lars Von Trier · Mark Richard · Edmund White · Cécile Riou · Emil Cioran · Pierre Lemaître · James Ellroy · L’effervescence · Ariane Mnouchkine · Chloé Delaume · Hédi Cherchour · Thomas Dekker · H.G. Wells · Tales from the Loop |
♙Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010) |