Je suis à trois kilos de qui je suis. C’était déjà le cas il y a trois mois, et sans doute il y a six. Entre, j’ai oscillé. Parfois, je m’en suis rapproché. Toujours je m’en éloigne. Par qui je suis, j’entends, l’image de moi que j’ai en moi. Ce n’est peut-être pas mon poids idéal. Et ce n’est pas non plus le poids communément admis pour quelqu’un de ma taille. Mais dans ce cas, si celui que j’estime être est à trois kilos d’écart, qui suis-je actuellement ? Suis-je moins que moi ou autre ? Autre, c’est toujours ce vers quoi j’ai voulu tendre. Quitte à échouer continuellement. Mais là, donc, j’aurais réussi et je souhaiterais m’en détourner ? Autre question : si je veux revenir à un poids, et donc un état, antérieur, suis-je réactionnaire pour autant ? Après tout, des gens comme Zemmour se réfèrent continuellement au passé (il faut revenir à la loi de tant, il faut faire comme du temps de X, il faut en revenir à avant l’abolition et/ou l’avènement de, etc. Leur plus grand désir, c’est de revenir à cet état de l’avant : avant l’euro, avant mai 68, avant la Libération qui sait. Qu’est-ce que ça dit du mien ? Peut-être devrais-je accepter l’idée de n’être pas qui je suis, ou plutôt de n’être plus qui j’étais. Réaction ou pas. Écrivant ces mots, Dune tourne autour de moi à une vitesse supersonique tout en faisant honk honk (les lapins font ça). Est-elle réactionnaire pour revenir systématiquement à son point d’origine ? Ou révolutionnaire plutôt ?