J’allais écrire quelque chose, et puis après vérification je me suis rendu compte que je l’avais déjà écrite le 8 mars 2016. Peut-être suis-je arrivé au bout. Peut-être que tout est dit, qu’il suffirait de faire tourner le journal en vase clos, et programmer un script qui produirait, pour chaque jour futur, une publication empruntant aléatoirement à d’autres jours passés, et personne ne s’en rendrait compte. J’ai vérifié, je n’ai jamais écrit ce que j’allais écrire, du moins sur le site... sauf qu’au moment de l’écrire, ou plutôt après l’avoir écrit, j’ai décidé de le taire. Ça concerne la chanson O Superman et au fond ça n’a pas beaucoup d’importance. Il y a une version que j’aime, c’est l’interprétation live au Shepherds Bush Empire du 12 août 97 de Gail Ann Dorsey, back-upée par Bowie, version très techno-industrielle période Outside / Earthling, un peu plus rapide que l’originale (bien que ne valant pas l’originale dans son idéal de pureté robotique). Sur Youtube, on peut lire le commentaire suivant d’un certain Tsuobachi, que je trouve très émouvant : This song permanently changed my life when I heard it on vinyl in my parent’s living room the year it came out. My mom had heard it on the radio and just pulled over to the side of the road and forgot everything in life except for the song until it ended. Then she drove straight to a record store to buy it and brought it home like she’d found the holy grail. And sonically that’s what it was to me as a young kid. It takes over your entire consciousness. Even though it’s my favorite song, I have only listened to it maybe 6-7 times in my entire life, because it impacts me so powerfully I never want it to lose that power. I’m particularly sensitive to music and this is the only music that has impacted me this powerfully other than the first time I heard Beethoven’s Symphony no6. Puis je me suis dit : si je dois mourir demain, ou n’importe quel autre jour, je n’aimerais pas qu’on passe cette chanson pour mon enterrement. Je préférerais qu’on écoute Aforisme 2 de Simeon ten Holt, dans sa version à ce qu’il me semble originelle, bien que ne correspondant pas à la mélodie telle que je l’ai découverte moi, c’est-à-dire jouée traditionnellement au piano, sans bruits parasites. J’imagine qu’une fois mort, j’aurais besoin des bruits parasites. En fait, si ça ne tenait qu’à moi, et si la chose était technologiquement possible (et pourquoi ne serait-ce pas le cas ?), j’aimerais que ce morceau soit joué automatiquement dès lors que quiconque approcherait de ma tombe, un peu à la façon des éclairages automatiques de pelouse et jardin s’allumant avant même que le bruit des graviers foulés par nos pas nous monte au tympan à notre arrivée dans l’allée menant, par exemple mais ce n’est pas une obligation, chez soi. J’expliquerais bien ici pourquoi j’ai une inclination pour cette version parasitée, donnant l’impression d’avoir été jouée comme concerto pour compteur Geiger, mais je l’ai déjà écrit un jour dans le journal ; c’était le 11 septembre 2020, plus de deux ans donc après avoir effectué quelques recherches sur la série Aforisme II-VI le 4 mars 2018. Certaines choses sont dicibles. D’autres, qui ont déjà été dites, ont donc accédé au stade de pouvoir être tues. Par exemple, si je ne suis pas un grand lecteur de comics, j’ai déjà expliqué pourquoi quelque part mais je suis incapable de le retrouver. Le principe de Gotham Central (on suit les aléas de Gotham City vus depuis l’œil des policiers, pas de Batman ni de ses acolytes) est rafraîchissant, mais au fond moins osé que si on avait choisi de se focaliser uniquement sur la machinerie judiciaire, procureurs, juges, avocats, devant en permanence faire face aux procédures foireuses induites par l’irruption permanente de super-héros déguisés qui, certes, permettent les arrestations, mais empêchent l’application de la loi en agissant hors cadres (mais enfin c’est peut-être au programme des autres tomes de cette série).


vendredi 7 octobre 2022 - vendredi 19 avril 2024


(c) Ed Brubaker, Greg Rucka, Gotham Central, Urban Comics



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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)