Jour (de déménagement) J. Adieu à la rue T. et au douzième arrondissement ; bonjour à l’avenue Z. dans la banlieue rennaise. Pour le moment, la vie pavillonnaire consiste à chercher dans quel carton on a foutu quel truc (et à ne pas trouver).
Jour (de déménagement) J. Adieu à la rue T. et au douzième arrondissement ; bonjour à l’avenue Z. dans la banlieue rennaise. Pour le moment, la vie pavillonnaire consiste à chercher dans quel carton on a foutu quel truc (et à ne pas trouver).
Ce premier jour à P. consiste principalement à se demander s’il ne va pas pleuvoir (H. me dit : le diable bat sa femme et j’en prends note), à chercher de l’huile de coco dans les rayons du U (oui) ou les yaourts au lait d’elle (non), à se dire le ciel est bien gris je vais rentrer le linge, à tenter des rencontres lapines infructueuses, à monter des cartons à l’étage, à se dire merde le linge !, à se demander où on range X trucs, à se demander si ça ne capte pas mieux en haut pour le tel (...)
Il faut marcher un peu mais il y a un bois quelque part à la frontière de la commune (je dis commune pour n’avoir à dire ville ni village). Dans ce bois, on y marche. Des champs aussi. Un certain nombre d’arbres. La campagne. Et puis on revient sur nos pas et c’est l’amoncellement de petits lotissements de nouveau, dont une rue rappelant ces cité balnéaires qui ne sont, elles non plus, ni villes ni villages. On regarde le ciel et la mer sembler proche. Si elle ne l’est pas dans les faits, (...)
Cette lanterne en toc que nous avons achetée dans un bazar il y a mille ans (un truc en plastique et à piles), je la mettrai dans le garage pour pouvoir sortir avec la nuit dans le jardin pour porter la lumière. Ce sera notre façon de remonter le temps : sonder l’infâme ou l’infime de la nuit comme tant d’autres avant nous. Aujourd’hui, en réalité, ce n’est pas ce que je fais. Aujourd’hui, passerai de prise en prise avec une lampe de chevet pour vérifier si le filament brille, pendant que (...)
Rabelais use du mot acromion à un moment donné de son œuvre 1. Si je le sais c’est que je relis les dernières épreuves resserrées de Vers Velvet, une histoire pédée pour la prochaine saison des Histoires pédées. Tout tient, sauf quelques approximations plurielles. Et si j’écris je vous écris de mon jardin c’est que c’est le cas.
Il y a un passager clandestin dans le jardin ; à moins que ce soit précisément le contraire, et nous sommes nous les passagers clandestins de ce rongeur. C’est une toute petite souris ou une musaraigne. H. me dit, je ne l’ai vue que de dos. On ne sait donc pas si son nez, je veux dire son museau, est allongé ou pas.
J’ai perdu l’occasion de prendre en photo la levée du jour dans la brume, ça ne fait rien : la brume reviendra bien. Un cabas à roulettes pour les courses, le marché : c’est là tout ce dont j’ai besoin.
301018
Je suis en panne. Si anosmie il y a, c’est une anosmie de fiction. J’aimerais écrire quelque chose ; non, j’aimerais que quelque chose m’écrive. Rien. Vieille dame me demandant (monsieur ? madame ? on ne sait plus avec le masque) de lui montrer lesquelles sont les Golden. Décennies de sa vie à acheter des pommes et elle ne sait plus les reconnaître. Il lui est arrivé, lui a dit un médecin, me dit-elle, un traumatisme psychologique majeur. J’essaye de me la jouer mais c’est (...)
Ici, ce n’est pas non plus le silence. La plupart du temps, c’est le silence ponctué de bruits d’oiseaux et des respirations du vent. Parfois, comme maintenant, ce sont des enfants qui jouent. Une réplique reviendra plusieurs fois. Monsieur, vous avez un gros nez. C’est un jeu : ils se donnent des répliques d’adultes, or donc du monsieur. Donc, plusieurs fois, Monsieur, vous avez un gros nez. Savoir à quel point cela traduit une peur instinctive propre à l’enfance ? Celle de devenir (...)
Je prends des mesures. Des meubles noirs de préférence. Hauteur largeur profondeur. 135 par 65 par 55. 140 par 45 par 45. 100 par 150 par 45. Avec du noir un jaune acide pour que ce soit (sic) vivifiant ? L’aménagement du territoire, c’est pas trop mon domaine. L’aménagement intérieur des pensées non plus. Je suis en manque de magnésium depuis une semaine, sauf que je ne le sais pas (maintenant oui). 30° là. Tout sèche (à commencer par soi).
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♙Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010) |