Dead Can Dance



  • 260313

    26 mars 2013

    On est rtourné en suite au toit du partaj. J’ai des pecé le chien et en suite on l’a fait rôtir chac 1 en a mangé un peu.

    (...)

    À près j’ai des pecé la tête au si. J’avé dans l’ydée de coudr en semble la peau de la tête et du corps pour en fer une capuch. J’allé ôter les croh du crâne et percer des trous de dans et les mettr tout au tour du trou du visaj de la capuch. Sauf que j’ai jamais rien pu fer de tout ça.

    Russel Hoban, Enig marcheur, Monsieur Toussaint Louverture, traduction Nicolas Richard, P. 33

    Encore sonné par le médoc d’hier (vais-je beger par les yeux ?) J’ai mal quelque part, sais pas où c’est. Et quand je croise quelqu’un dans les souterrains ou en surface, m’arrive de me remémorer une phrase d’Amy Hempel, juste une phrase, par exemple celle qui dit : « Je n’ai jamais compris comment un homme taille sa barbe. Est-ce que c’est le même principe que pour passer la tondeuse, placer la lame à une hauteur supérieure par rapport à ce que l’on veut tondre ? ». M’arrive souvent. Me souviens de la phrase en français, la mienne. La personne concernée disparaît quelque part, je saurai jamais qui c’est.

    Le médoc dure (mais il décline) jusqu’à la fin de la journée presque : 24h de présence (je saurais pas mieux dire). Le soir achète un sachet de vert pour les bêtes et aussi un dinosaure de Pâques pour H.

    Deux chansons au réveil : Hurt de NIN par Johny Cash, Song to the siren par Dead Can Dance. Hantent le reste du jour.

    Devant France - Espagne demande à H. : t’es plutôt pour les troyens ou pour les grecs ? Je lis Danielle Carles.

    Mueller (189 mots) :

    Les corps ne chantent plus des motets, comme ils
    en chantaient le long de la rouge, mais des airs
    massacrés par des gorges griffées par le sable &
    gonflées par le soleil. Des dents crissent & des
    os sont choqués contre d’autres os secs, muscles
    & tendons. Des rythmes macabres déferlent sur le
    sable ou sur l’échine de leur Cap. Mueller ne se
    gorge pas de ces rythmes, il tend sa peau contre
    eux, imperméable. Il ne se retourne pas vers eux
    ni ne les cherche du regard quand les rauques se
    déforment ou se taisent. Il tend le crin avec sa
    droite. Alors les gorges se serrent. Le silence.

    Le soir venu, Mueller parle à ses corps. Dans la
    langue de leurs yeux sa gorge leur hume d’autres
    sons que les leurs, voici ce qu’ils signifient :
    — Nous ne marchons pas vers la mer des morts. Je
    ne suis pas un passeur. Je ne suis pas une épave
    ni une pirogue. Je ne suis pas vendeur de viande
    ni d’os & je m’adresse à vous comme un capitaine
    s’adresse au squelette de son navire. Hissez les
    voiles, tendez les tendons ! Fermez les gorges !