Miracle Jones



  • 130216

    22 mars 2016

    Première fois que je mets en ligne un article du journal qui passe la barre des trente révisions. Un peu de fébrilité à le faire : depuis le 11 janvier je reviens régulièrement sur ce jour et je vais perdre ça. D’abord plusieurs fois par jour, puis chaque jour, puis recraché dans plus d’espace, plus de laps de temps (suffit de voir ça dans les révisions : la liste des jours), signe que je m’en détache. C’était réconfortant d’avoir ça et aussi : comme si le temps se fige. Sur Twitter on me dit n’avoir pas pu écouter Blackstar, trop dur, moi j’ai tenu à l’écouter chaque jour pour me gorger de ça. En revanche, de film, pas pu. L’homme qui venait d’ailleurs, Furyo. Un jour cet autre jour : Le prestige, je m’étais dit. Puis non. Savoir qu’il allait apparaître mais pas savoir quand c’était trop, et ça foutait la trouille. Travaille sur une traduction qui joue sur la formulation on drugs / on Facebook. En français, ça ne peut être que sur Facebook et pas sous. C’est quelque chose qui va devoir tomber sans doute. Pour ça je cherche quelles sont les spécialités culinaires des Appalaches. C’est quoi les Appalaches ? C’est par là. Une heure de Mueller lu c’est environ 700 vers 1. Ça tient toujours. Là jusqu’à ainsi que tous / les grains de sable de ce désert, dit de l’ocre. Deux trois mots pris en note parmi quoi vérifier que taon comme adjectif soit bien écrit petit t.

  • 140216

    23 mars 2016

    C’est que le soir j’en ai marre d’être moi-même. Je veux sortir, et je n’ai plus l’énergie pour sortir physiquement ; si c’était envisageable, d’ailleurs, j’aimerais sortir sans m’accompagner, en me laissant moi-même à la maison.

    Vincent Message, Défaite des maîtres et possesseurs, Seuil

    La phase la plus rébarbative en traduction c’est mesurer l’écart. On s’est détaché exprès du texte original pour créer et on doit vérifier que la ligne jaune est pas loin derrière nous, franchie. Avec des trucs comme Ulysse, évidemment, c’est différent : franchir la ligne jaune ça fait partie du jeu. En traduction normale, on se retrouve dans cet inconfort-là : plutôt tendre vers la correction française (et donc s’éloigner de la langue d’origine) et garder un peu d’une part de l’étrangéité de la langue sur laquelle on travaille. Le texte en cours est une nouvelle de Miracle Jones pour un recueil à paraître au printemps intitulé Surveillances.

    Ce passage est dedans :

    Le drone glissa immédiatement sur la banquette pour se retrouver à ses côtés. Il se pencha en avant pour lui toucher la cuisse. Un vrombissement chaud émanait du drone, Tre pouvait le sentir à travers le plastique de la banquette. Il pouvait le sentir vibrer dans sa prostate, presser ses testicules. L’odeur émanant du drone était à la fois musquée et artificielle, comme si un loup garou venait tout juste de baiser un tas de magazines de mode.

    Fin des relectures à la voix de Mueller initiée, je ne sais plus, il y a une dizaine de jours. Beaucoup d’œ changés (et les réécritures derrière, d’oe à œ on perd en caractère), des notes à rajouter. 37 en tout. On tutoierait presque les 200 désormais, mais d’autres risquent aussi de sauter. La dernière gribouillée : expliciter l’explycyt ? Reste à présent à relire toutes les notes, intégrer les nouvelles, faire le tri dans les vieilles, et nettoyer la page de tout cela (ajouter ou enlever une note, c’est modifier l’ordre des numéros et donc les numéros de chacune des notes). Mais ce n’est pas le plus important : le plus important c’est que le texte tient, et que je suis au bout de ça. Derrière, c’est juste de la technique, et l’envoyer quelque part qui saura quoi faire de ce truc, et de ces 200 notes. Si je me focalise sur ces notes, c’est que la zone de doute est là. Par sur le texte mais sur les notes. Le texte à 90% n’a pas bougé depuis son écriture dans le journal jadis et il fonctionne. Les notes ne sont pas aussi évidentes que ça, même si c’est là-dessus que je travaille, précisément, avec intermittence, depuis trois ans ou quoi.

    Quant au Genoa, c’est très simple : après avoir tout essayé tactiquement (433, 4231, 442 à plat), je commence à construire quelque chose en 451 avec deux défensifs et un relayeur devant. C’est plus sage, plus défensif, nous avons moins la possession mais ça marche pour l’instant à coup de 1-0.


  • ↑ 1 Idées de trucs à écouter pendant : Jerusalem in my heart, l’I lie de David Lang, les voix bulgares.