B. m’écrit. Le terme de présage n’existe pas chez les mollusques. H. rentre à P. pendant que moi pas. Le studio de la rue S., inhabituellement plein de vie ces deux derniers jours, redevient à nouveau empli de moi seul. Le studio représente une petite surface, et un menu volume, comparé à l’envergure de la pièce pourtant frêle. Je n’ai aucune envie d’y passer du temps alors j’en sors, moi aussi. D’abord pour des courses hors de prix (un avocat, trois kiwi, 7,45€, un micro bout de parmesan 5,50€). Je déjeune de deux onigiri (4,50€), l’un à la crevette, l’autre au thé. Puis je m’enferme deux heures au Christine pour Les anges déchus (10€), avant de croiser inopinément J. et A., eux-mêmes en route pour un autre cinéma, et un tout autre film. Je rentre à pied jusqu’à la rue S., et tout ça m’aura occupé cinq heures (l’aller, l’entre, le retour). En chemin, j’achète des livres dans une solderie (Thomas Pynchon, Gabrielle Roy, Danièle Sallenave, 1€ les trois). Le problème dans une ville comme Paris, c’est que où que tu ailles tu tombes sur des métaphores traduisant l’état du monde présent. Comme le monde est stupide, ces métaphores sont stupides. Par exemple, un SDF allongé devant un Compagnie du lit pendant qu’à l’intérieur, des domiciliés fixes essayent des lits sous les yeux fatigués et fatigants des vendeurs. Ou encore, nous sommes rue Saint-Honoré et l’accès est barré au feu par un cordon en plastique policier. C’est à cause d’une manifestation en cours pour un collectif de mineur·es isolé·es étranger· es en lutte depuis septembre 2023 pour l’égalité des droits. Le cordon policier est à mi-hauteur, empêchant la plupart des véhicules de ce monde de passer sans le faire rompre. À l’exception d’une lamborghini très basse, qui peut donc rouler dessous. Une agente sermonne le conducteur, qui a moins de trente ans et qui, l’air satisfait, finira par pouvoir avancer, au détriment de tout le monde, grâce à la luxuosité de son véhicule qu’il conduit le bras posé sur la portière, vitre ouverte, les dents blanches. Le soir, je mange de cannellonis décongelés à 18h, à l’allemande ou à la flamande, tout simplement pour répondre à la faim causée par deux heures de marche dans Paris qui n’ont en vérité aucun intérêt, vu que H. n’est plus là pour m’y accompagner.
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♙Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010) |