Il fait chaud, mais pas si chaud. Une Porsche Cayenne est garée noire, et j’ai l’humanité de passer l’éponge sur elle ; sur elle, et sur toute sa lignée. Nous sommes rue Cardinet, il est entre huit heures quarante et huit heures trente minutes. Je trouve dangereux les cyclistes qui circulent avec des écouteurs. Je trouve irrespectueux de l’animal ceux qui font de même pour promener leur chien. J’arrive chez Spectre. Une huile m’écrit merci ! Envoyé de mon iPhone, à moi qui ne suis qu’une goutte d’eau dans un vase déjà bien rempli de gouttes d’eau. J’ouvre la fenêtre pour que le frais entre, mais il n’y a pas de frais. Je ferme donc cette même fenêtre que j’ai ouverte, réduisant le bruit du boulevard à peau de presque chagrin. Je dis presque car cela filtre. Tout filtre. C’est la vie. Un emploi sur quatre est susceptible d’être affecté par l’intelligence artificielle générative (IAG) au niveau global, dixit un énième rapport, cette fois de l’OIT. Trois femmes sur dix se plaignent de remarques sexistes sur le lieu de travail en France, et je me dis oh c’est presque bien, sauf que j’ai mal lu la phrase, et que c’est trois femmes sur quatre. Le prochain numéro de Spectre implique une page maronnière sur l’édition 2025 de l’IEF (« Index of economic freedom »). C’est un peu comme l’Eurovision, sauf que personne n’a besoin de chanter ou de faire semblant de chanter. Les pays sont classés sur la base de plusieurs facteurs économiques, chacun noté sur cent, et c’est publié chaque année par la « Heritage Foundation », un think tank américain très à droite, puisqu’on lui prête les dessins et les desseins du fameux « projet 2025 » trumpo-vancien. Passons. L’IEF classe la France 63^e (sur 176) en matière de liberté économique, et note sa gestion de la dépense publique à zéro. Pas zéro sur dix, ni même zéro sur vingt mais zéro sur cent. À titre indicatif, seuls cinq autres pays sont pareillement stigmatisés sur leur gestion des finances publiques : l’île de la Dominique, les Kiribati, le Timor oriental (le Timor oriental implique l’existence d’un Timor pas oriental, qui dépend de l’Indonésie), Cuba et la Corée du Nord. Quant à moi, j’ai des soupçons sur l’eau. Quelle eau vaut-il mieux boire, et comment. On sait qu’il y a des toxines, pour ne pas dire du crypton ou du radon, dans les eaux phréatiques. On sait pour les nitrates, on sent pour le calcaire. On sait pour les microplastiques dans les packs au supermarché et, enfin, on sait pour la coprophagie généralisée chez Nestlé via Perrier. Alors, quelle eau boire et où, et dans quoi, et par quel biais ? Faut-il faire bouillir tout ? Mais je ne fais rien bouillir : je m’en vais, et tombe nez à nez avec un monopigeon, perché sur un transformateur.