Entre deux pages de La vitesse des choses, entre deux partitas de Bach, entre deux pages de Jacques Josse, l’impression de passer mon temps-lecture dans des cimetières, dans des charniers, des spectreries. Je suis éclairé par la lune quand elle existe et je déchiffre à son insu toutes les lettres de tous mes livres jamais lus comme tatoués dans la poussière de ses cratères (quand ils y sont).
Son visage ne se découpera plus sur l’eau noire de l’Elez.
Ce soir, entre ténèbres et bas-fonds, (…)

...je descends sur le bon quai cette fois ; la condensation sur la vitre grésille sous les lumières de la nuit ; le MP3 traverse Forward and reverse de Bang Gang et Keren Ann ou bien l’inverse ; dans mes rêves où je me crashe, c’est vrai, je ne vois jamais la gueule de la voiture, simplement de l’intérieur, mais c’est peut-être bien toujours la même ; au passage du train par dessus l’autoroute, il chante dans ma tête (et aussi sur l’écran du MP3 turquoise) que always crashing in the same (…)

Lune, veille, Y.
Les heures sont faictez pour l’homme, & non l’homme pour les heures.
Rabelais, Gargantua
Prévoir tellement de trucs à faire superposés au taf pour occuper le taf mais maintenant le taf c’est poussière sous le tapis j’ai tellement de trucs à faire superposés au taf que le taf je le passe au second plan (sous le tapis) et j’ai juste pas le temps (pas le temps) de juste juste le faire. Oui mais je le fais.
Il faudrait supprimer les montres (j’en ai plus), découper (…)

Pendant que nous marchions ainsi, l’un devant l’autre, sur le bord de la route, et que souvent mon maître disait : « Attention ! Ne sors pas du sentier ! » le soleil qui tombait sur mon épaule gauche baignait de ses rayons le bord de l’Occident, sur sa couleur d’azur mettant des teintes blanches, et mon ombre ajoutait à la flamme des tons plus sombres ; et je vis que beaucoup de ces âmes avaient, tout en marchant, remarqué ce détail. C’est la raison qui fit qu’à la fin ils (…)

Que celui qui prétend voir ce que moi j’ai vu imagine (et qu’il garde aussi ferme qu’un roc cette image, le temps que dure mon discours) quinze astres resplendir dans des points différents du ciel, en y mettant une telle clarté qu’elle transpercerait n’importe quel brouillard. Qu’il imagine aussi ce char que notre ciel garde dans son giron la nuit comme le jour et qui reste visible en virant du timon. Qu’il imagine un cor avec son pavillon et dont le but commence à la pointe (…)

J’aime ces vies minuscules à la Garrity. Comme genre celui ouvrant les yeux d’un coup et sans raison en plein deux heures du mat et qui se dit : putain, dans les années qui viennent, c’est cinq millions de chinois en plus qui viendront déferler pour tourisme à Paris. Voilà pourquoi pullulent les panneaux en chinois dans les grands magasins. Ou futur : pulluleront. Ça et : est-ce que je n’aurais pas, moi aussi, trop bouffé veille au soir, et chinois justement, je sens encore les nems engoncés (…)

Pixels la lune
Mais la pluie, où nous mènerait-elle, si nous devions la suivre, à quel terme ? Quel terme s’amenuise au bout de la syllabe tombant compacte sur la terre, sur la mer ? Termes de terre, de mer, d’une même compacité que la pluie - mais l’ardillon qui les perfore, les perce : la pluie, par l’aigu vocalique - la pluie. Et taille dans le gras de la pierre, de la vague, burine la mousse, l’écume, dénude, révèle des corps possible, de calcaire, d’eau, jusqu’à ce qu’ils glissent en (…)

Tourné la page Karoo. Profité du week-end pour finir corrections maquette POD de Coup de tête : des cinq-centaines de modif mise en page. Jeté des bribes de tout. Retour taf et se dire le diktat de la montre c’est assez. Des ciels. Les cumulonimbus sont plein d’ombres demain. Demain comme adjectif. Et Oscar Pistorius est un quoi un cyborg.

Retour Y. pour la journée. Avant retour Paris (un mec assis sous la capuche d’une clope, contre le mur d’une résidence standing mitraillée de verre) : jeter, ranger, cleaner. L’ex-frigo nain m’arrache la peau. Bétadine-bis sur le bras gauche et fouette l’hosto. Puis démonter nos vies en kit : arracher les tiroirs, extirper les panneaux de mélaminé pin et autre MDF chêne clair (Prägel par ex). Se croirait dans un Qu’est-ce qu’un logement. C’est le cas.
Je mets mes mains dans un gros cube (…)

Ismet hanim cria soudain : Ah ! regardez la lune... J’ai vu la lune, mon Dieu, bénissez-moi ! Nâzim Hikmet, Paysages humains in Il neige dans la nuit et autres poèmes, Poésie Gallimard, traduction Munevver Andac et Guzine Dino, p. 333.
Un rêve prémonitoire (hormis l’SF, la Fantasy (et les gorges dans la nuit)).
Vie grise : sept heures de coûts, chiffres, cases. Basic price et cost price. Working time. Un fémur acheté 3.52€ vaut 18. Je peux pas répondre à rien, je suis sur un fichier. (…)

Le dernier recueil d’Amy Hempel, Sing to It, est paru aux USA au printemps 2019, une dizaine d’années après son précédent, Le chien du mariage, que vous pouvez trouver depuis 2018 aux éditions Cambourakis. C’est donc un petit évènement en soi. Je n’oublie pas que les premiers drafts du Chien du mariage ont été d’abord publiés sauvagement (et réécrits, et corrigés, puis mis hors ligne) sur ce site. Dans ce nouveau recueil, la cause animale est présente pratiquement partout. La forme de la (…)

J’y suis venu seul, triste, à me répéter j’aimerais. J’aimerais. J’aimerais. Toucher quelque chose ou quelqu’un, ou que quelqu’un, quelque chose, aille jusqu’à me toucher moi. Mais non. C’était la fin de ma course. J’attendais que la sueur sèche dans ce décor. Mine en friche et/ou carrière abandonnée. Bleu électrique de la nuit sur des parcelles de sable. Sable à n’en plus finir ou ciment mis en tas. De l’eau dormant quelque part dans le son de sa nuit. Phosphorescence des matériaux (…)