Cette journée aurait-elle été fondamentalement différente si nous ne nous étions pas trouvés en situation de confinement pandémique ? Je ne serais pas non plus allé voter. J’aurais malgré tout terminé de revenir sur les quatre premières nouvelles tirées de Sing to It, envoyées à T. et H. dans la foulée pour avoir leur avis. J’aurais indubitablement lu ce que j’ai lu, et dit ce que j’ai dit, quand il m’est arrivé de dire. Ici, est-ce que je dis ou est-ce que je pense ? Je prends du retard (…)

Des rumeurs (fondées ou non) se répandent sur les réseaux quant à un confinement beaucoup plus strict, encadré possiblement par les forces de l’ordre et/ou l’armée (ce ne sera finalement pas le cas, enfin si, mais pas au point que). Quand on regarde ce qu’il se passe dans des pays voisins, on ne voit pas comment nous pourrions y échapper, à plus ou moins long terme. En plein milieu d’une conversation avec H., qui est en télétravail à partir d’aujourd’hui : attends, j’ai plein d’élèves qui (…)

Tous les mardis, chaque semaine, les mouettes donnent le signal du début (et de la fin) du marché qu’il y a en haut de la rue T. Les gens remontent cette même rue T. (d’ordinaire pas spécialement passante) et les voitures klaxonnent, car l’accès au rond-point se fait via un goulot d’étranglement qui les fait s’insérer au compte-goutte. Aujourd’hui ne fait pas exception même si, au bout du compte, ils doivent ensuite s’insérer dans une ville censée être vide. On voit la rue depuis la fenêtre, (…)

À défaut de lire dans la vie, je peux lire dans mes rêves. Là, une nouvelle d’Amy Hempel inédite, traduite par Quentin Leclerc et que je m’apprête à publier. À moins que ce soit le contraire ? On ne sait pas. Il y a un flou sur la question de l’auteur, du traducteur et de l’éditeur. Les positions s’interchangent. C’est fluide, mais plutôt dans le sens de trouble, je dirais. Trouble, le récit de la nouvelle l’est. Quelqu’un part en montagne sur les traces de quelqu’un d’autre, qui le devance (…)

Castaner ne l’a pas dit dans son allocution d’hier, mais les voyages dans le passé sont également proscrits. De même que les projections dans l’avenir. Un ami à nous est malade, il a attrapé le virus. Nous finissons les pois chiches. Ce n’est pas de la froideur, c’est de l’angoisse. On semble s’étonner sur les réseaux que les écrivains mainstream après avoir écrit des romans mainstream écrivent des journaux de confinement mainstream (c’est indécent). C’est indécent, parce qu’au fond on ne (…)

À supposer que les choses soient réellement différentes de d’habitude, tout est devenu encore plus factice. Les bruits d’oiseaux qui sortent de ton téléphone pour te réveiller le matin n’existent pas dans la réalité. L’heure à laquelle il sonne n’est pas l’heure à laquelle je vais me lever, ni même l’heure à laquelle je me réveille, ni même l’heure exacte des fuseaux horaires. Les injonctions permanentes qui tombent sur la tête des gens confinés n’ont aucune finalité : elles sont là (…)

La distanciation sociale s’immisce dans le moindre réseau (de pensées, d’actions conscientes, d’inconscient, de câbles et de données). Je reçois, là, maintenant, la notification d’un message laissé sur ma boîte il y a cinq jours. Et dans mes rêves, quand je parle du Japon, où finalement nous ne retournerons pas cette année, à des amis dans un genre de cantine, nous sommes assis sur des sièges à hauteur variable pour pouvoir être ensemble dans le même lieu, mais certes pas au même niveau (…)

1) On sort sur un balcon chaque soir à 20h applaudir les soignants ; c’est la moindre des choses. Et c’est aussi le problème. C’est la moindre des choses. 2) En pouvant prendre sur lui la capacité de décision de mise en production de stock conséquent de gel hydroalcoolique et de masques via ses usines et laboratoires LVMH, Bernard Arnault (dont la fortune s’est accrue considérablement ces dernières années, notamment en récupérant en baisse d’impôt des parts de budget qu’on peut considérer (…)

Désinfecter compulsivement les courses à coup de lingettes, n’est-ce pas un peu extrême ? Tout est devenu extrême, ne serait-ce que se dire : le beurre salé est en pénurie, il ne reste plus que du beurre doux (et comprendre où penche donc la balance). Il faudrait être en capacité de voir le virus. Mais disant ça, ou du moins le pensant, je ne sais pas si je parle au premier degré ou par métaphore. Rien ne change donc jamais ? Je ne sais pas à quoi ça tient, mais je me retrouve à consulter la (…)

Je ne suis pas confiné dans un 35 (ou 37) mètres carrés. Je ne suis même pas confiné dans mon corps (combien de volume habite-t-il ?) mais dans mon crâne. Ici, je cherche quelqu’un. C’est dur de chercher quelqu’un, qui que ce soit, dans son seul esprit. Ce n’est pas quelqu’un que je connais, c’est quelqu’un que je ne connais pas encore. Ce n’est pas quiconque que j’ai déjà lu, mais quelqu’un que je veux lire. Pour l’heure, je ne trouve pas. Mais je sais que ça vient, et je ne désespère pas. (…)

Après la lecture, les idées sont revenues. Les idées donc découlent de la lecture, non le contraire. Ce sont, pour l’heure, des idées frêles. Notes même pas prises en. Des pensées miennes pendant que le présent se fait. Presque rien, quoi. Du moins, rien qui mérite d’être consigné ici. Mais que dire d’autre sinon l’infime ? C’est de l’ordre du fourmillement. Je marche peu. De quoi tout simplement avaler les distances d’intérieur. Du salon à la cuisine. De la cuisine à la salle de bain. De la (…)

1) Le noir absolu #000000 n’existe pas en réalité ≠ en hexadécimal. 2) Si la lumière ne provient pas de l’extérieur, elle doit germer à l’intérieur de soi. 3) Il faudrait pouvoir se mettre en quête des zones de pure obscurité (ou l’approchant le plus) dans les villes et dans l’espace public en général comme un temps on s’était mis en tête de collecter quelque part dans un genre de carnet ou d’atlas artisanal les zones urbaines où s’immisçait le silence. Le vrai silence. 4) Dans ce cas, quid (…)

L’eau des haricots rouges est rouge ; eux non. Ils sont devenus quoi, auburn ? Je perds le fil sur les couleurs. Tout ce qui n’est pas ou n’a pas été gris. Le fait est que le mot auburn est quelque part : dans Ulysse, précisément associé au gris. Coïncidence ? The Vorrh : the isolation was part of the treatment. Puis, à la fin du même paragraphe : where a cacophony of silence was counterpoised only by insistent drips of water. Plus loin encore : A quarter of the old will die during the (…)

Comme chaque année, il est l’heure qu’il était hier à la même heure (plus une). C’est assez transparent, cette fois. Je veux dire indolore. J’espère que ce changement viendra à bout des lueurs matinales dans mes yeux et dehors (non). Je me réveille avec l’inspiration de vouloir voir des films italiens en noir et blanc. Lesquels ? Comme à chaque fois qu’une personnalité meurt, des hommages contrastés : d’un côté, quelqu’un de bien, l’un des meilleurs. De l’autre : un tueur. Entre, un virus. (…)

La préfecture de Seine-et-Marne appelle à mobiliser les réfugiers face aux problèmes de main d’œuvre rencontrés par les exploitants agricoles. Quignard, via Benoît Vincent : Une proie convoite une proie et la dispute à d’autres. Telle est la source de l’humanité : prédation imitée. De toute façon tout est faux : il est dit qu’aujourd’hui le soleil se lèvera à 7h30, et la lumière est déjà là sur moi quand j’ouvre les yeux, avant. J’ai froid. Mais ai-je froid de vivre dans un monde froid, ou (…)

La lumière, c’est de l’eau : une fois qu’elle a trouvé un point d’entrée en toi, elle se répand. Elle occupe le maximum d’espace ou de volume accessible. Disponible. Ouvert à elle. Elle t’investit, quoi. Alors, comment la faire sortir ? Gesticuler dans tous les sens ne sert à rien. S’énerver non plus. Nos gestes sont devenus caducs. Je passe mon temps à mettre mes t-shirts à l’envers mais bien sûr personne ne s’en rend compte. Nous avons beau vivre quelque chose d’extraordinaire, mis à part (…)

Si les oreilles n’ont pas de paupières, les paupières, elles, sont poreuses. Alors que la plupart des gens autour de moi (comprendre donc partout dans le monde) pendant ce confinement cherche à faire comme s’ils pouvaient encore accéder via X stratagèmes au monde extérieur (en assistant à distance à des spectacles enregistrés de longue date, on regardant des webcams qui diffusent le monde d’hier, en se baladant sur Street View de façon débonnaire, en tâchant de bronzer sur leur balcon), moi, (…)

L’expérience des serviettes de plage n’est pas concluante. Je veux dire, elles bloquent bien les rayons directs, qui ne peuvent donc plus bombarder quoi que ce soit, mais la lumière ce n’est pas que de l’eau, c’est du sable : ça s’immisce. Il faudrait pouvoir dormir dans un placard ou dans un tiroir à la morgue. Ocean Vuong : Lest we forget, a morgue is also a community center. Ce qu’il me faut c’est un sarcophage clos, au cœur d’une chambre funéraire sans fenêtre, sans ouverture d’aucune (…)

C’est probablement car nous ne disons pas au-revoir aux lapins pour quelque temps, nous ne prenons pas le RER B jusqu’à Roissy, nous ne montons pas dans un avion russe jusqu’à Moscou, puis un autre, russe toujours, jusqu’à Tokyo pour deux nouvelles semaines dans l’archipel que, durant la nuit, j’offre à K. un livre de Zyrànna Zatèli. Il ne lit pas le français. Aucune importance : elle écrit en grec. Que faire quand on ne peut pas, contrairement à ce qui était prévu dans un monde antérieur, (…)

C’est de plus en plus dur de démêler le rêve de la réalité. Le rêve : alors qu’il nous est interdit de quitter nos appartements respectifs, nous faisons du jeu de rôle papier avec nos amis sur écran interposé et un plat de lentilles permet de partager la visioconférence et le wifi à tous. La réalité : il y a un incendie dans la zone d’exclusion de Tchernobyl et la radioactivité est en hausse. Les vents ne soufflent pas, nous dit-on, en direction de la France (impression de déjà vu (…)

Si bâiller fait pleurer (par contraction des sacs lacrymaux consécutive au mouvement des mâchoires), faut-il bâiller sans cesse si nos yeux se désèchent ? Et si les bâillements sont communicatifs, suffit-il de regarder des gens bâiller en vidéo pour bâiller soi-même ou bien faut-il être nécessairement en présence de quelqu’un qui le fait ? Comment être en présence quand on est confiné ? Être confiné ne veut pas dire absent. Juste : être présent là où le monde n’a pas lieu (ou presque pas (…)

C’est quoi le luxe : la liberté ? Ou l’insouciance ? Marre d’être souciant. Cieux. De tout. Pas que des miasmes. Quoi faire et quand par exemple. Quoi regarder. Voir, pas voir. Encre, non encre. Temps d’écran si oui quel. Combien. Depuis quand mon carnet papier c’est devenu un livre de compte des moments passés devant lui ? Il est ça. Je suis ça ? Quoi manger aussi. Aimerais manger mais mal. Bien mal. Des trucs industriels sans âme. Mauvais mais bons. Plein de fromage fondu. Trucs gras. (…)

Rêvé de Cavani et du RER A. Deux choses qui n’ont plus aucun sens depuis des semaines. Les deux existent encore, et font probablement ce qu’ils sont censés faire de leur côté (garder sa forme physique, suivre un programme d’entraînement adapté, boire du maté ; transporter d’un point à un autre des voyageurs X ou Y qui sont forcés, eux, de se rendre sur leur lieu de travail, si lieu de travail il y a encore) sans plus aucune application dans ma vie. C’est à se demander ce que deviennent les (…)

Peut-être la meilleure chose à faire, lorsque nous aurons atteint la date de sortie du confinement (à supposer seulement qu’elle intervienne un jour), ce serait un refus de nous y plier. Ne pas sortir de chez nous. Rester forclos. Ne pas aller travailler le matin (quand on va encore travailler le matin). Ne pas produire, ne pas consommer. Ne pas faire ce qu’on estime qu’il est vital que nous fassions. Ne pas faire repartir l’économie, par exemple. Les politiciens de tout bord s’agiteront (…)

Combien serons-nous à l’orée du confinement, le 11 mai prochain, à nous rêver confinés encore ? S’il y a bien un lieu où le temps n’a pas prise, c’est ici. Les détenus rêvent-ils encore de leur cellule longtemps après leur libération ? N’est-il pas plus étrange encore de rêver de confinement pendant le confinement ? C’est le cas. Il y avait une élection, et chacun devait se débrouiller pour voter en respectant l’absence érigée en principe fondamental : soit en enregistrant sa voix au moyen (…)

Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit et bien sûr cette phrase est fausse pour au moins quatre raisons. 1) Contrairement à ce qu’elle laisse entendre et la sensation qui était la mienne alors, je n’ai pas pas dormi, j’ai simplement passé mon temps à osciller entre sommeil et éveil, avec possiblement de longues nappes de brouillard passées dans le sommeil léger, et (trop) peu de sommeil profond. 2) Mes yeux étaient bien fermés, bien qu’ils n’aient pas besoin de l’être pour ne pas dormir (l’un (…)

Terrifiante inflation des endives (plus de 4,50€ le kilo). On dirait le titre d’un film de série Z, genre La guilde des profanateurs de bennes à ordures. Mais, non, c’est juste aller faire les courses. Les messages d’erreur de Spip sont pas mal dans le genre : recherche sur une table sans clef primaire atomique. Shit. Je trouve ça où, une clef primaire atomique ? On dirait que c’est précieux. On dirait que c’est dangereux. Potentiellement toxique sans doute. Le genre de trucs que le méchant (…)

J’imagine que vous avez commencé à ranger et à jeter des trucs en prévision du déménagement ? Pas du tout. On n’a rien fait. On n’y pense même pas. J’ai passé ma semaine à refaire mon site huit à dix heures par jour. C’est des drôles de vacances du coup... Des vacances idéales ! Mais il fallait que ça se termine. Je serais devenu fou autrement. Je suis fou autrement. C’est fini. C’est pas fini : finitions à revoir, justement, à commencer par les media queries pour le rendre accessible aux (…)

Reprendre le travail. Donner aux lapins les feuilles de basilic les plus grosses en priorité pour laisser aux petites la possibilité de grandir. Voir Paris croître ou ne pas croître, elle, par la fenêtre. Le covid est dans les fontaines. C’est un octosyllabe. Veiller à maintenir le bon équilibre dans le dosage du café entre une dose trop forte (susceptible de déclencher des douleurs) et une dose trop faible (susceptible de déclencher des douleurs). Manger des restes à midi et, de ses restes, (…)

Ce qui est amusant, c’est de se dire que les journaux de confinement sont en train de peu à peu devenir des journaux de transcription de rêves. C’est inattendu. C’est inattendu : depuis la mise en ligne de Fuir 4 dimanche, beaucoup de messages ici et là pour me dire, d’ailleurs je ne sais pas pour me dire quoi, que ça marche ? Que la maquette est belle ? Que le site est plaisant ? De fait, je retrouve l’enthousiasme de pouvoir mettre en ligne un article hors journal, ce qui n’était presque (…)

Plus on se rétracte des villes, plus les oiseaux ils chantent. Le matin, je suis réveillé par des chants d’oiseaux réels plutôt que par les chants d’oiseaux synthétiques délivrés à heure fixe en guise d’alarme par mon téléphone portatif intelligent. Peut-être que ces chants d’oiseaux ne sont pas des chants d’oiseaux. Peut-être ce sont des chiffres en suspension, errant à force d’avoir été écrits, bramés, criés, voire décriés peut-être (par exemple dans la presse). On est scotché au nombre de (…)

Comment ne pas faire n’importe quoi avec un masque ? Le regarder dans son emballage sous plastique (made in Italy). Le poser sur l’étagère de la salle de bain en attendant d’en avoir besoin. Tâcher de ne pas en avoir besoin. Ne pas sortir donc. Ne rien faire en définitive. Se rasseoir si on était debout, se recoucher si on était assis. Dormir mille ans peut-être. Se réveiller dans une autre ère humaine (ou post-humaine). Entre-temps, faire des rêves. Mille ans après, constater soit que la (…)

J’ai rendez-vous avec quelqu’un que je n’ai pas vu depuis des années je suis dans une rue et je marche. Comme souvent quand on marche je me vois dans le reflet d’une vitrine quelque part. C’est moi. Je veux dire c’est trop moi. Je reconnais mon visage. Or je porte un masque une casquette des lunettes de soleil. Quand je regarde ce reflet ou cette vitrine je ne vois ni masque ni casquette ni lunettes de soleil. C’est mon visage à nu. Depuis quand nos visages sont devenus sources d’angoisse ? (…)

Dans Avalon, de Mamoru Oshii, la scène la plus humaine du film est celle de la préparation d’un repas pour un chien. Nesco me manque. En quoi est-ce que je mens dans un journal si je dis que les textes du jour sont composés pour la plupart mentalement dans l’état de semi-conscience qui précède l’éveil pur ? Pure hérésie : ne rien écrire de tout le week-end, chercher à la place des images de villes brutalistes. Cette ville, je veux dire la nôtre, bien que je ne m’y attache guère, je crains (…)

Il existe des tutos pour confectionner son propre masque en forme de bec d’oiseau, comme du temps des pestes et des choléras. Le temps des pestes et des choléras prévaut toujours, la plus grande pandémie qui soit étant moins le coronavirus que le virus des éditorialistes politiques et des think tank. Je cherche un tuto pour concevoir une poupée vaudou à l’effigie d’Alain Duhamel, Laurent Joffrin ou David Abiker. D’autres, bien sûr. Le problème, c’est qu’il y en a tellement qu’on se (…)

Trente minutes « RAVUS AETERNA Extended ». Il n’y a pas que dans la vie que les lapins (ou lappis) ne s’entendent pas : dans la fiction aussi. Thunes : reprise des comptes après semaines sans. On pourrait croire qu’on dépense moins à ne rien faire qu’en faisant (non). J’ai acheté plus de livres (numériques donc) en deux mois que le total 2019 je crois. Il est vrai que je faisais jeûne de la consommation de livres. Plus de soupes kanten au supermarché, shit. Où ça se trouve des munitions de (…)

Dix jours d’attente pour les réservations en ligne des coiffeurs. Masque indispensable, distanciation sociale, attente en dehors du salon, etc. Comment se faire couper les cheveux avec un masque ? Ne risque-t-on pas d’en venir à couper les élastiques par inadvertance ? Le monde étrange des encyclopédies en ligne, et participatives : liste des casques de l’armée française. Sans parler du cycle des métamorphoses dans la jungle de la grande distribution : Le 6 octobre 2009 (soit 41 ans après (…)

Ça sent le soufre. Non, je veux dire : littéralement. Dans Paris mais pas que. Jusqu’à Nantes il paraît. C’est encore faux. Je veux dire, non, c’est vrai, mais ce n’est pas quelque chose dont je puisse témoigner. N’étant pas sorti, je n’ai rien senti. Mais je lis des gens dire que oui, c’était vrai. Je veux dire c’est. Je veux dire ils en parlent. Doit-on considérer qu’ils témoignent ? Rien n’est moins sûr. Le cours de la parole de quiconque est bien bas. Mieux vaut s’en remettre à la (…)

Annonce liminaire : à un moment donné, ce journal va bifurquer. Je me répète. Dans ce journal je fais que ça je. Me. Répète. Même dans les formes, la preuve : ça je l’ai déjà écrit. Ce rythme. Ce dispositif. Sur le fond aussi je me répète. Par exemple sur la question de, mais non, je vais taire. Autrement, je me répèterais encore. Rien n’a changé au fond. Le confinement est officiellement levé mais rien n’a changé au fond. On se répète. On s’est lassé. Au début, on était là putain j’ai (…)

J’ai fucking froid ; je reçois en spam ça : NOUVELLE GERMITRON 8.0 (Puissant dispositif à lumière ultraviolette). Si j’ai pas vraiment compris à quoi ça sert, je crois pouvoir dire ici que ça ne sert pas à avoir chaud. Sortir non plus. Froid aussi dehors et pas seulement dans. En fait : première sortie depuis deux mois de confination (hors courses alimentaires une fois par semaine, that’s it). Je recommande pas la première sortie en ville dans un cluster. C’est pas noir de monde mais enfin y (…)

C’est ce que le coiffeur m’a dit à ce moment-là : il n’y a rien d’autre à faire qu’attendre. Deux ou trois mois. Que j’en étais à la phase relou d’entre-deux qui font qu’on a l’air moche avant d’avoir l’air d’avoir des cheveux longs. Bien qu’il ait dit relou, il n’a pas dit moche, mais moi oui. C’était après m’avoir coupé un centimètre de pointes ici et là, et m’avoir facturé 27€, somme à laquelle s’est ajoutée 3€ de taxe covid, ou Dieu sait comment il a appelé ça (et dire que j’ai peut-être (…)

Les cerises sont pleines d’eau. Qui achète sciemment du thé vert gingembre hibiscus ? Moi. Denrées douteuses : maquereaux, viande rouge industrielle (même bio), bananes. Maté en sachet : une hérésie. Masque sur la gorge, masque sous le nez (sur l’air d’« Alexandrie Alexandra »). Demain la pression atmosphérique atteint des sommets inégalés depuis qu’on en est réduit à checker des trucs aussi absurdes que la pression atmosphérique et ses sommets inégalés. Comprendre : 1030mbar. Comprendre que (…)

Pour finir deux paquets de pâtes, j’en ai ouvert un troisième. 100g répartis comme suit : un tiers de pâtes de pois chiches, un tiers de pâtes de riz-maïs et un tiers de pâtes de lentilles. Ok elles ne cuisent pas à la même vitesse et elles moussent, mais arrosées d’un peu d’huile d’olive, servies avec une tomate, du thon, du poivre (pas de sel, le thon est déjà assez salé de base) et un peu de tabasco, tu ne sens le goût ni du pois chiche, qui est fort, ni des lentilles, qui est lourd. (…)

Une application d’apprentissage des langues s’inquiète de ne plus me voir me connecter pour mes leçons de japonais. Un spam persiste à me demander Kannst du mir helfen ? et si je comprends ce qu’il me dit, je n’ai pas le moins du monde envie de l’aider. C’est une journée très internationnale. J’ai de nouveau des idées et des envies pour LS, après des mois à ne plus pouvoir ne serait-ce que me mettre à y penser. Des trajectoires, des répliques, des scènes de décapitation râtée, puis réussie. (…)

Le maté est vert
l’hibiscus bleu d’abord rouge après rose enfin
& moi je grésille plus.
Plus de café, plus de maté, plus de grésil. Il y a de la caféine dans le thé vert (peu). Il y a du monde sur les quais de Seine en face de ça : Bercy. C’est la deuxième sortie déconfinée pour une balade un peu moins anxiogène qu’il y a quinze jours : parce qu’on s’y est fait ? Parce qu’on en a marre ? Là, ça joue au volley à plein devant la Cinémathèque, ça fait de la muscu à ciel ouvert, ça fait (…)

Sur un post-it la liste des courses mentionne des poumons. Je prends une seconde pour cogiter. C’est H. qui a écrit ce mot et j’essaye de comprendre. C’est un truc de covideux ? Dés ? Quand j’écris covidés, je pense aux corvidés. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Mais là non. Ou alors : fallait-il comprendre ça sur un plan métaphorique ? On a besoin de respiration ? D’un bon bol d’air ? Difficile avec un masque, d’autant que ce masque, l’un des deux offerts par la mairie de (…)

Les galettes de maïs-lin-amarante sont passées en quelques jours de 61/100 à cause de colorants douteux à 100/100 sur Yuka, qu’est-ce qu’on est censé en conclure ? Je ne verrai pas T. ce soir à cause de la pluie. Deux jours de hausse de suite dans les nouvelles contaminations au covid, tout va bien. J’installe sur le BM3 un émulateur Dreamcast sur lequel je connecte une manette de PS4 en bluetooth, le tout pour jouer à de vieux jeux supernes, c’est tout à fait normal (la mondialisation (…)

Vers une forte contraction du PIB au deuxième trimestre 2020. C’est une contrepétrie ? En tout cas c’est grotesque. Ces phrases sont grotesques. Les mots le sont. On me demande sur les réseaux de ne pas utiliser une expression idiote, qui était bien entendu à entendre au second degré, sous prétexte qu’elle est usitée par des gens idiots. Sauf que les mots idiots n’appartiennent pas qu’aux gens idiots, les mots idiots sont à tous les idiots de la terre. En tant qu’idiot de la terre, je (…)

C’est aujourd’hui que nous sommes censés recevoir les résultats de mutation d’H. et tout ce à quoi je devrais penser, c’est : où vivrons-nous bientôt ? Mais non. Je passe mon temps à me dire : juste avant sa mort, le corps de de Gaulle était tellement rabougri qu’il tenait à peine sous la forme d’une poupée en papier mâché. Lorsque son dernier soupir est venu, il a prononcé une parole militaire X ou Y (j’ignore tout des paroles militaires en ce bas monde et je ne vais pas commencer à (…)

Je me retrouve à marcher dans un escalier lassé de tout et d’un coup je me dis, mais les gens écoutent vraiment des trucs chelous quand même, il y a une musique qui vient d’où je ne sais, ça suinte d’une porte quelque part, c’est vachement fort quand même et en plus ça me suit, on dirait que c’est sur moi ; sans doute car c’est le cas. Oui, ça venait de mon téléphone qui s’est mis à surperposer sur mon autre téléphone, qui lui jouait vraiment de la musique mais dans des écouteurs (…)

15 balles les 15ml de collyre et qui contiennent quoi donc ? Du sucre (3g/100ml), du sel (sel sodique de l’acide hyaluronique, 0,15g/100ml). De la flotte. 1€ le ml, merde. 45 balles la boîte de masques chirurgicaux chez Office Dépôt (qui, eux, ont des masques en papier en stock mais notre pharmacie pas). Un livreur de FedEx qui vient de se faire cracher dessus par un type qui l’a traité de nègre fait une vidéo pour dire combien le monde est merdique ; qui peut lui donner tort (et pourquoi) ? (…)

Le chou rave cale. Les pois secs peaussent. Ils forment une peau (traduction). Y figent. Le quinoa pue la pisse d’âne. C’est son droit. Je dégaine tout ce que je peux. Dégainer. Les pois secs donc, le chou rave oui, les sardines même, allez. Plus de myrtilles. Petites pommes non sucrées. 10g de Beaufort par repas, c’est peu. J’ai sorti des livres de la bibliothèque pour les donner et H. les a déposés à la boîte à livres qu’il y a à Maison Alfort (on ne vit pas à Maison Alfort), qui était (…)

À en croire cette agence qui m’a rappelé ce matin, il y a une horde de fonctionnaires mutés qui se déverse à Rennes et sa proche banlieue depuis quelques jours, en quête de logement donc. S’agit-il surtout de hordes de parisiens traumatisés par le confinement qui cherchent à fuir Paris ? Une diaspora CSP+ ? Une annonce mise en ligne hier soir, appelée aujourd’hui : il y a déjà trop de visites de programmées, il faudra attendre une (éventuelle) nouvelle salve. Je n’ai pas souvenir que c’était (…)

Je ne sais pas dans quel monde on vit, mais enfin c’est un monde où l’on peut être témoin de ces scènes. Un agent d’accueil quelque part qui se met d’un coup à te parler sans que la situation ne s’y prête a priori : la situation sanitaire n’est pas réglée, il paraît que ça va revenir, ce serait une catastrophe un deuxième confinement, les gens ils en peuvent plus, avec le chômage et tout, moi là je m’en sors pas, j’attends d’être payé, il y a les factures, on en est à récupérer à manger au (…)

La nuit est la chambre d’échos des jours ; sauf que personne ne crie. Ce qui se répercute, ce sont les couleurs (préformées dans l’œil, dixit Goethe), les lueurs, la culpabilité. Oui, j’ai écrit le mot culpabilité ; je ne me sens coupable de rien. Je ne me sens pas coupable de consulter, avant de sortir et de décider du mode de déplacement optimal, l’indice de pollution prévu ce jour, la météo bien sûr, les chiffres de la pression atmosphérique et, fatalement, le nombre de morts du covid la (…)

Il ne faut pas sous-estimer la conscience des bêtes. Poulpir et Tartelette sont revenues de la clinique vétérinaire indemnes, vivantes, en plutôt bon état comparé aux précédentes opérations. Ou bien est-ce notre appréciation d’elles qui a changé, notre regard ? La technicité des personnels soignants de la clinique qui s’est améliorée en quelques mois ? Ou encore (et c’est là que la conscience entre en jeu), ont-elles encore en tête, littéralement, la mémoire d’une opération précédente, et (…)

La vie est bien faite parfois : la somme qui nous est demandée pour emménager fin août, et qui comprend le premier mois de loyer, les frais de notaire et la caution, correspond à peu de choses près à la somme que nous doit toujours Aeroflot pour notre voyage avorté au printemps pendant le confinement. Enfin, la vie serait bien faite si Aeroflot nous remboursait effectivement quelque chose, or non. Il y a bien sûr pire dans ce monde : le fait que les centrales nucléaires se refroidissent (…)

Quelqu’un venu estimer la volumétrie de nos biens (et non de nos âmes) pour le déménagement. Cette fois, c’est un corps en chair et en os et non une tête pixelisée et crachottante au bout d’une pique (l’écran d’un téléphone intelligent). Je me demande à quel point ses je me permets de regarder vos étagères, je crois qu’on a les mêmes lectures et ses ah, si vous ne gardez pas cette affiche de Singing in the Rain je vous la prends font partie ou non d’un genre de bagage technique du commercial (…)

L. m’offrira des muffins au Nutella ainsi qu’un chiotte en acrylique volé à la BNF. C’était écrit dessus, Propriété de la BNF ce qui est, au fond, hautement suspicieux : je ne crois pas L. susceptible de voler un bloc WC pour l’offrir à un tiers, je ne crois pas que la BNF ait fait écrire sur ses chiottes qu’ils étaient la propriété d’elle, et je ne crois pas non plus avoir pu lire un message disant textuellement Propriété de la BNF à cause de la loi psychique qui veut qu’on ne soit pas (…)

Les masques chirurgicaux qu’on utilise sont made in China, comme partout. Si ça ne me posait pas de problème particulier jusqu’à présent c’est que tout, de nos jours, est made in China. J’ai même passé une partie de ma vie professionnelle, il y a plusieurs années, à vendre sur Internet des articles de salle de bain made in China dont il ne fallait pas dire qu’ils étaient made in China bien qu’ils étaient indeed very very made in China. Aujourd’hui on apprend que des camps de travail forcé (…)

On vit une époque compliquée et il faut passer à autre chose. C’est beaucoup plus facile en (se) disant ça. Centaines de milliers de morts dues à une pandémie ? On vit une époque compliquée. Génocide ouïghour à l’autre bout du monde ? On vit une époque compliquée. Vladimir Poutine s’octroie les pleins pouvoirs à vie pour permettre la création d’une grande armée pour la République ? On vit une époque compliquée. La République est devenue entre temps l’Empire galactique ? On vit une époque (…)

Les légumes verts, c’est tous les légumes de couleur verte ou une famille bien spécifique de légumes pouvant ou non être verts mais disposant de propriétés communes ? Une fois qu’on a répondu à ça, quid des fruits rouges ? Si j’achète un masque en tissu avec un motif de grosses fleurs jaunes, risquerai-je des allergies au pollen ? Des insectes vont-ils venir se poser sur pour tenter plus ou moins acrobatiquement de me butiner la gueule ? Si je prépare des œufs brouillés le matin et que (…)

Je ne prends pas l’ascenseur. Je descends puis je remonte l’escalier. Cinq étages, c’est une forme de sport. L’ascenseur, depuis le confinement, sauf au retour des courses, le moins possible. À pied je vois les paillassons des gens. Peut-on s’imaginer quelque chose de la personnalité ou de la vie de quiconque en regardant son pallier ? Ceux qui laissent leurs chaussures à l’extérieur, ce qui est en soit lunaire. Sans parler, donc, des paillassons. Bien la première fois en huit ans que je (…)

Voilà ce qu’est devenu le foot professionnel : il n’y a pas de public pour les matchs du Final 8 de la Ligue des champions à Lisbonne, covid oblige. Mais on entend, durant les retransmissions télé, les chants des supporters. Chants enregistrés lors d’X autre match qu’on ajoute artificiellement lors de la diffusion. Il faut qu’on puisse s’y croire. Il faut que le spectacle soit infect, pardon, intact. Le chaud meust gohonne. Il faut faire comme si. On le fait. Leipzig - PSG (0-3). Depuis (…)

Le frigo repoussé à demain.
Libre d’aller voir la mer donc.
Huîtres, crêpes, moules.
Masques only intra-muros.
Sur et depuis les remparts : tout.
Plus bas, une rue du chat qui danse.

301018
Je suis en panne. Si anosmie il y a, c’est une anosmie de fiction. J’aimerais écrire quelque chose ; non, j’aimerais que quelque chose m’écrive. Rien. Vieille dame me demandant (monsieur ? madame ? on ne sait plus avec le masque) de lui montrer lesquelles sont les Golden. Décennies de sa vie à acheter des pommes et elle ne sait plus les reconnaître. Il lui est arrivé, lui a dit un médecin, me dit-elle, un traumatisme psychologique majeur. J’essaye de me la jouer mais c’est normal, (…)

Maintenant avec le masque on peine à se comprendre. Pardon ? Je disais, maintenant avec le masque, etc. Avec Lou dans les rues de Blois, elle me guidant, moi ne voyant pas très nettement (attends, c’est des papillons ? / ça, on ne le comprend pas quand on le regarde, mais c’est des salamandres) où on est. On me dit plus tôt dans la journée que dans les petites ruelles du vieux centre, passée telle heure, on pouvait se perdre. Il y a une espèce de bal en fond sonore ou de karaoké. La, la, je (…)

Je dors mal quand je dors loin. Je rêve de fouines. Les fouines n’étaient pas une bonne chose. Je petit-déjeune avec Lou. J’ai oublié de prendre un chargeur alors je suis en mode avion tout du long. Mon téléphone, je veux dire. Ce téléphone est donc tout comme éteint, oui mais je me dis si je le souhaite, je peux le rallumer. Je le fais pas. Mais je peux (ça n’a pas de fin). J’ai du mal à concevoir le visage des gens sous les masques et hier, une annonce, votre masque doit couvrir (…)

Retour à Paris. Comment sait-on qu’on est à Paris et pas ailleurs ? Une femme hurle dans son téléphone portable mais t’es où là, t’es où là. Ça dure un certain temps. Elle est très énervée. Ou alors elle a peur. Ou les deux. La voyant faire dans la nuit, on ne comprend pas très bien si elle parle directement à quelqu’un à l’autre bout d’une ligne ou si elle laisse un message à quelqu’un n’ayant donc aucune possibilité de lui répondre. Ailleurs, plus tôt, c’est un dédale de flics en armes, en (…)

Rien à voir avec Le roi et l’oiseau : pas un petit ramoneur de rien du tout, juste un quidam qui a sa fille en seconde. Et, donc, employé par une entreprise de ramonage. H. lui fait le small talk pendant que moi non (8h30, ce n’est pas une heure pour le small talk), il a de l’avance, il parle de peste et de grippe espagnole, soit. Retour rue T. X heures plus tard à 354km de là pour régler aujourd’hui ce que je n’ai pas réglé hier, je veux dire samedi. Dans le 72, idées mais innotées, tâcher (…)

Pandémie ou pas, le principe du Ouigo est de parquer les gens comme des bêtes et comme des bêtes ils se meuvent, et comme des bêtes pas. Quelqu’un derrière : Eh, on n’est pas à la maternelle. Eh, on n’est pas à distance. Eh, moi le covid je l’ai déjà eu. Un certain temps avant de comprendre que la personne ne parle pas à quiconque mais seule. Dehors rue de Rennes ou quoi un mec fait la manche sous la pluie vêtu uniquement d’une serviette-éponge et d’un t-shirt. Tout proche, le Monoprix en (…)

Il faut 16 minutes à vélo pour rejoindre le laboratoire du bled d’à côté, qui est à côté de l’église. Bien sûr, le vent est contre toi. La côte aussi. Il faut attendre qu’un passage se libère à l’arrière du labo, c’est-à-dire vers le local poubelle. La dame qui a revêtu une tenue de nettoyeuse tchernobylienne en papier crépon explique que c’est désagréable mais que ça ne fait pas mal. De fait, ça ne fait pas mal (mais c’est désagréable). Je ne dis pas à cette dame ce qui ne me passe pas par (…)

Moins de dix-huit heures après, les résultats du test publiés sur une plateforme accessible en ligne dont l’intitulé est Amplification génique et hybridation moléculaire. Si le test en lui-même est négatif (écrit en majuscule), le commentaire l’accompagnant précise : ce résultat n’exclut pas une infection par le SARS-Cov-2, à confronter au bilan clinique. (...) Un résultat faussement négatif ne peut être exclu en cas de mutation, de polymorphisme dans la séquence cible ou si la quantité de (…)

Impossible de remettre la main sur un mot. Quelque chose temporel. Syndrome, symptôme, complexe, cortex, castex, vortex, théorème ? Paradoxe. J’étais donc proche tout en étant loin. Pourquoi déjà je le cherchais ce mot ? J’échoue sur une page : Choisissez un département ou une métropole pour voir les restrictions sanitaires. La légende : pas d’alerte, alerte, alerte renforcée, alerte maximale, couvre-feu. Il y a donc un niveau d’alerte supérieure à celui de l’alerte maximale ? Je n’ai (…)

1) En proportion de ce qui paraît chaque mois, la littérature présente est d’une richesse dans la fadeur qui, dans un sens, me fascine. Mais principalement me désespère. 2) Ce que j’écris moi-même ne sauve rien, bien au contraire : plus je me conforme à l’idée que d’autres se font de la littérature (ce que je pense que l’on attend de moi) plus je me fonds dans une énergie qui est contraire à la mienne. 3) Final Fantasy XV est le plus décevant des Final Fantasy auxquels j’ai joués. 4) S’en (…)

À un moment donné, je me retrouve à poser une question à quelqu’un dans une fenêtre virtuelle pour une rencontre en direct et à écrire à l’autre intervenante de la rencontre qui ne parvient plus à se reconnecter du fait d’une tempête qui la touche loin de nous et au début il était question de mesurer l’écart entre nous en observant qui de nous quatre (cinq) avait encore un peu de jour en son ciel et j’ai dit oui, car c’était le cas mais ce n’était pas le cas de toutes, tous et finalement la (…)

Qu’est-ce qui pèse aussi lourd ? Le disque de mon Mac est plein depuis des mois, depuis des mois je peine à le vider ou à le mettre à jour. Qu’est-ce qui pèse aussi lourd ? Je cherche dans les sous-dossiers, je regarde dans les arborescences. Je vois des choses ; je ne vois rien. Je me dis comme tout le monde : pourquoi Tuchel s’entête-t-il à faire jouer Marquinhos au milieu alors qu’il a un pur 6 dans l’effectif désormais (Danilo Pereira) ? Qu’est-ce qui pèse aussi lourd ? Quoi qu’il se (…)

Je me sentais coupable. Partir à Tokyo pour un week-end, ce n’est pas raisonnable. H. va m’en vouloir d’être parti seul. Et puis non. J’y vais quand même pour marcher. Pour marcher dans les rues d’une ville, j’y allais. Ça me semble aujourd’hui un bon prétexte pour aller quelque part. Alors, je ne traverserai que des quartiers non-touristiques, là où les gens vivent et travaillent. Mangent aussi, bien que dans le rêve, contrairement à dans la vie, il n’était jamais question de manger. (…)

Computer-generated influencers are making more money than ever. — Reconfinement : les rayons culture des hypermarchés et de la Fnac doivent fermer. — Jeff Bezos : Nous voyons plus de clients que jamais acheter tôt pour leurs cadeaux de Noël, ce qui n’est que l’un des signes que ce sera une saison des fêtes sans précédent. — Computer-generated influencers are making more money than ever. — Demain nous appartient : le feuilleton de TF1 déprogrammé ce soir en raison de l’actualité. — Un tsunami (…)

Je ne dirai rien des mots quand on regarde les chiffres qui me hérissent. Je ne dirai rien des éditorialistes. Je ne dirai rien des souhaits corporatistes. Je ne dirai rien des courbes, et si je ne dis rien des morts c’est que j’ignore tout d’eux. Je ne dirai rien de ce qu’on m’a dit un jour : ici, la terre est glaise, on ne peut rien faire pousser, à moins de venir avec sa propre terre. Ces drôles de mots : venir avec sa propre terre... Et puis : il faut partir du principe que ce qu’on (…)

Ça m’a frappé alors que je marchais dans une rue non pas déserte mais ponctuée d’X voitures passantes (confinement de façade) : non que l’on pouvait maintenant déterminer pour quoi ça valait le coup de risquer la mort (la sienne mais surtout celle des autres), comprendre travailler, ou pour quoi ça ne valait pas le coup de risquer quoi que ce soit, comprendre vivre ; mais que nous vivions désormais dans les années vingt. Les années vingt, c’est donc marcher masqué dans une rue en direction (…)

Je fais des flaques (sic). Non, je passe plusieurs minutes chaque jour à tâcher de créer graphiquement une (pour commencer) flaque. Non pas une flaque réelle. Une image de flaque pour Grieg. C’est plus qu’il n’y paraît. C’est à cause des effets de seuil. On doit comprendre que c’est une flaque, et le corps de la flaque doit être noir et non blanc. Mais l’environnement de la flaque doit être noir, aussi. Sans nuance, tout est noir, on ne voit pas la flaque. Ça va venir. Entre-temps, traquer (…)

Pas moins de dix affiches sur la vitre du petit bureau de poste de P., qui fait face au parking du centre commercial les Jonquilles. Deux sont des affiches publicitaires concernant des services bancaires, soit de la Banque postale soit de sa filiale low cost en ligne qui s’appelle je sais plus. Une pour indiquer que nous sommes présentement en plein plan Vigipirate, lequel est au niveau rouge depuis juillet 2005, avant abandon du code couleur en 2014 (je me souviens d’un temps où Vigipirate (…)

Confinement : il faut sauver Noël / Évènementiel et coronavirus, il faut sauver notre industrie / Il faut sauver le beaujolais nouveau (et voici comment vous pouvez l’aider) / "Il faut sauver Noël" : les commerçants en appellent au gouvernement français / « Il faut sauver le contact humain » : comment résister à l’ère du Covid-19 / Il faut sauver Noël / "Il faut sauver le vrai sapin de Noël" : un cri d’alarme lancé par les producteurs belges et français / Face à Amazon, il faut sauver le (…)

Si le caissier derrière sa caisse avec son masque est beau, on ne saura rien de la beauté supposée du caissier sans. Un masque, c’est l’altération. C’est le flou. Par inadvertance, je lui vole une botte de persil plat, en ayant pris deux au lieu d’une sans faire attention, et lui me demandant, sous son masque donc, une botte de persil plat ? et moi répondant oui, sincèrement, mais malhonêtement malgré tout. Ça arrive. ··· Voilà pourquoi je me retrouve à marcher dans la rue avec un gros (…)

Cher Aeroflot,
Je vous remercie pour votre réponse et les efforts que vous mettez à la résolution de mon dilemne, tout en vous retenant de faire ce que je souhaiterais au fond que vous fassiez (tout simplement me rembourser). J’accueille avec bonheur les citations de textes de loi que vous me proposez ici (clause 2 de l’article 107.2 du Code Aérien de la Fédération Russe, ainsi que le fameux décret 991 qui permet aux compagnies russes de ne pas rembourser les consommateurs n’ayant pu (…)

Un livreur Chronopost me livre un colis DHL et Joe Biden n’arrête pas de remporter l’État de Géorgie, tout va bien. En haute sphère on étudie la possibilité, dixit la presse, d’avancer le couvre-feu post quinze douze à 17 h au lieu de 21, ce qui me ferait quelque chose comme 3 h 30 hors la loi le 22 pour rentrer en zone rouge, je veux dire dans la Loire. Ici, à cet endroit de la maison impropre aux courants d’air, je sens de ça, de l’air froid. D’où vient-il ? Je passe ma main partout pour (…)

C’est étrange, vivre masqué H24 avec ses proches. Ses amis, ses parents. C’est étrange, la ville. Noël mais pas. Il y a pourtant un sapin, quelques décorations clinquantes. Quelqu’un dans la télévision : est-ce que c’est tactique ou est-ce que c’est physique ? Chaque fois que je vais chez N., depuis que N. habite ici, je me trompe de rue, arrivant soit trop bas, soit trop haut. Là, je contourne l’espèce de zone électrique complexe qu’il y a dieu sait pourquoi à cet endroit de la ville et je (…)

Sentir son coeur trop battre, c’est un symptôme du covid ? Ou bien tout simplement un syndrome de vie ? J’en viens à concevoir un plan visant à m’autoriser des aliments dangereux (chocolat par exemple, mais aussi fromage) à partir du moment où ils sont compensés par la prise équivalente de radis noir. Quelle aventure. Mais ce n’est pas la seule chose à laquelle je pense. Par exemple, je me dis que pour m’aider à m’organiser dans mes X projets d’écriture, il convient de monter un genre de (…)

Régulièrement, des rêves où réaliser qu’on a oublié de mettre un masque dans un lieu public. Ou bien ici cet open-space dans lequel on est le seul à le porter, et où on finit par déverser des choses poisseuses dans les toilettes. C’est sans doute une métaphore de quelque chose. Continuera-t-on de propulser ses angoisses dans l’eau de nos nuits bien après qu’on aura arrêté de se soucier des masques et des gestes barrière dans l’espace public ? Pensant à cela, une autre question : quand, dans (…)

Tout est gelé, blanchi, c’est beau : à commencer par l’herbe. L’herbe, c’est bien toujours le premier pas pour quoi que ce soit. Le véritable luxe, c’est de manger le lendemain midi d’un soir les restes d’un repas chiadé. Il faut d’abord ramasser les étoiles qui brillent sur la table du salon pour faire fête, bien qu’hier soir, restrictions obligent, nous n’étions que nous deux. L’une des premières choses que je fais de mon jour de l’an neuf, c’est ranger mon bureau et faire en sorte que (…)

Bien avant qu’on se retrouve tous de par le monde à assister à la prise du Capitole américain par une foule d’armés fascistes (dont certains affublés de t-shirt Camp Auschwitz) en temps réel, nettoyant les éclats de verre brisé sur le carrelage je me disais : ça faisait longtemps que je n’avais pas cassé un verre. Le fait que ce ne soit pas un verre mais un sablier ne m’a pas traversé l’esprit, puis finalement si, car c’est inhabituel du sable coloré dans les bris quand on balaye (bien que (…)

Jacques Chirac, Jean-Paul II et Yoda ont raison : il ne faut pas avoir peur. Mais si on a peur quand même ? Comment n’avoir plus peur quand la peur vient d’elle-même ? Si on écoute les chantres de la pleine conscience, il faut respirer. Mais ne fait-on pas ça systématiquement (au sens propre), respirer ? Quand on a conscience qu’on respire, on a peur de respirer. D’irrespirer. Ou de respirer de travers. Voire même à l’envers. Je ne suis pas sûr qu’il faille écouter les chantres. Faut-il (…)

Quelqu’un sur Twitter poste la vidéo d’un métro entrant en gare d’Akihabara, Tokyo : les annonces et autres messages automatiques, bruitages urbains, petites musiques propres à chaque station là-bas, etc., pour que les nostalgiques des voyages, ou de la ville elle-même, puissent kiffer. Pendant le confinement (lequel ?) nombreux ceux qui regardaient le monde inaccessible via des sites collaboratifs de vision par la fenêtre en webcam (et alors tu allais sans bouger de la Sibérie à San (…)

Je n’invente rien. Pourquoi les accidents arrivent-ils ? Réponse : Les accidents arrivent pour des raisons différentes. Bien. Une pandémie, c’est un accident ? Faire cuire du sarrasin dans un rice cooker (ne le faites pas) jusqu’à ce que ça prenne la forme d’un genre de gruau infâme, c’est un accident ? Ouvrir et dépiauter une Dymo pour y dégager un genre de bourrage papier autocollant du troisième millénaire pour finalement faire plus de mal que de bien dans le nouveau monde des timbres à (…)

L’un des plus beaux disques de l’année... mais nous sommes le 20 janvier, et ce n’est même pas le plus beau : cet album (quel qu’il soit) fait donc partie d’un top X mais fois 12, c’est donc qu’il est déjà, avant même de sortir, dilué dans le tout venant bien morose. Et ambiant. Abus de langage journalistique (encore un). Ou alors les femmes ceci, les hommes cela. Qui (et comment sont) produit(es) de telles stats ? Quelle rigueur d’analyse pour ces papiers qui au fond ne font que remplir un (…)

Je regarde par la fenêtre la rue et ce n’est pas ma rue. Calmons-nous, la rue n’appartient à personne, ou plutôt le contraire, elle appartient à tous. Ce que je veux dire par là, c’est : ce n’est pas chez moi, ici. Pourtant nous vivons là depuis bientôt cinq mois. Je crois que c’est normal de ne pas se considérer chez soi quand on vient d’arriver quelque part et qu’on ignore combien de temps on restera. Je crois aussi que c’est dû à la situation sanitaire, comme on dit dans les gazettes et (…)

Pourquoi j’ai cette chanson, « Magpie », dans la tête, inécoutée depuis au moins mille ans ? Parce qu’il y a quelques jours j’ai lu que Marianne Faithfull, après s’être remise du covid, ne pourrait plus chanter ? Jamais réellement écouté Marianne Faithfull. Beaucoup Patrick Wolf, un temps, que V. m’avait fait découvrir avec son premier album, me disant c’est un Björk au masculin. C’était, tout en n’étant pas, le cas. Je ne sais pas ce qu’est devenu Patrick Wolf ; je ne sais pas ce qu’est (…)

Pas besoin de me déplacer jusqu’à la rue T. pour savoir que l’agence n’a pas reloué notre ancien appartement plus de cinq mois après qu’on l’a quitté : c’est encore mon numéro de portable qui figure comme contact pour l’interphone, et quelqu’un l’a actionné ce matin. Que lui dire ? Un autre appel : au diable les appels. Là, je sais pas si j’ai faim ou si j’ai envie de manger. Jamais réussi à le faire comprendre à ce médecin d’il y a dix ans : Mon corps a faim mais je n’ai pas envie de (…)

0) Une seule chose est fausse parmi ces quelques propositions. 1) Pour ne pas me faire spoiler le dernier épisode d’SNK sur Twitter, j’ai changé la langue des tendances en arabe. 2) J’ai fait beaucoup de recherches dans des moteurs sur le mot clé daesh ces derniers jours à des fins de documentation pour LS. 3) Je consulterai également l’article des Jours intitulé « L’énigme du jihad des champs », La radicalisation de Français issus de la classe moyenne blanche déroute les spécialistes et la (…)