Entre la nouvelle nouvelle formule de tel futur-ex-hebdomadaire où la ligne éditoriale oscille entre une adhésion fusionnelle au nouveau, et une adulation [pour les] sphynx immarcescibles et la supplication répétée de tel quotidien (réinventé tous les deux ans) pour qu’on s’abonne via des promos toutes plus agressives les unes que les autres, manifestement la presse mainstream est à la peine. La question de la prescription en littérature est centrale et il y a longtemps que la presse culturelle ou généraliste ne l’est plus. Quant à des (sic) phares comme La Grande Librairie à la télévision, ils consacrent en réalité ce qui marche déjà, de même que les grands prix d’automne. Pendant un temps il y a eu une forme d’échappatoire avec l’arrivée des blogs et des réseaux sociaux : on pouvait s’en remettre à de sincères recommandations de gens totalement inconnus qui n’avaient aucun intérêt particulier à recommander tel ou tel livre. Comme partout, ce qui a de la valeur c’est ce qui sait rester gratuit. Aujourd’hui, même (et surtout) les tiktokeurs sont blindés de SP et ne s’en sortent plus. Quand je vois l’enthousiasme qu’il y a à trouver dans des tweets présentant telle ou telle œuvre de BD, mangas ou animés sur Twitter de personnes deux fois plus jeunes que moi et que je compare à la désespérante connivence adulte qu’on peut trouver dans la critique littéraire (puisque généralement produite par des auteurs eux-mêmes intégrant la critique dans leur stratégie de publication ¹), je me dis qu’on n’a rien compris du tout.