Minuit. J’écris ces lignes à Berlin. Veni, creator spiritus ! Diablesse de vie sans création ! C’est ce que je voulais ? Oui, mais pas ainsi. C’est pour cela que tu écrivais ? Mais non, voyons. Tu es content ? Fondamentalement oui, mais avec des réserves. Alors qu’est-ce qu’il y a ? Il y a que je n’écris pas ; ma vie n’a pas de sens, je me vis comme un étranger.

Imre Kertész (peu après le Nobel), Sauvegarde, Actes Sud, traduction Natalia Zaremba-Huzsva et Charles Zaremba

Réveil les yeux ouverts : encore une fois le mot askance, attrapé dans Ulysse, et savoir en lisant d’où il vient (et la couleur qu’il a) : d’Under the volcano bien sûr. Chanson tressée durant les rêves, celle entendue hier dans Kill Bill 2, qui me rappelle à d’autres temps que les nôtres.

Frankenstein, Falconer et même Man plus, rien à faire, en lis deux pages, trois pages, et puis je ferme le truc, quelque part autre part, et hormis le Kertész, non j’arrive rien à lire. Pourquoi ?

Mail de Thomas Villatte sur un point important dans le projet Ulysse qui est celui de la temporalité de la langue (ça se dit ?), enfin du fait que la langue actuelle utilisée dans la traduction est propre à notre époque présente, mais que se passera-t-il dans trente ou quarante ans quand on sera (j’espère !) au bout ? Et, comme il y a un écart géographique entre les points de départ et d’arrivée de Bloom et de Stephen dans le roman déambulatoire, y aura-t-il un écart temporel de langue entre mon Ulysse 1 et l’Ulysse 50000 ? Vraie question, je lui dis. Fascinante, et je le pense. Et le truc que je retiens de ma réponse improvisée c’est ce truc :

...le voyage temporel que ce serait : on part d’un point précis en 2010 pour arriver à l’autre bout de la ville en 2050, et pourtant dans le récit lui-même seule une journée s’est écoulée...

Quel pied ce serait, vraiment, si on pouvait faire ça.

Je me souviens, il y a quelques années, juste avant lire Larbaud, son Journal de 1600 pages, un genre de dégoût du roman, raison d’ailleurs pour laquelle je m’étais réfugié chez Larbaud à la base. Même chose ici ? Car Kertész, lui, ça marche.


mercredi 28 novembre 2012 - samedi 27 avril 2024




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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)