Il m’arrive d’avoir l’impression que je ne serai pas capable de vivre tant que je ne dormirai pas dans une position qui m’appartienne — pas celle dans laquelle on a retrouvé le corps de ma mère sur le lit, mais celle qui serait bien à moi — même s’il s’agit seulement de faire plus ou moins la planche sans se servir d’un muscle mais les genoux serrés l’un contre l’autre, la tête s’enfonçant en arrière dans l’oreiller, se berçant doucement comme un bébé, inclinant la tête de côté pour inspirer de l’air, préservant ses forces jusqu’à l’arrivée des secours, ou jusqu’à ce qu’on puisse se sauver soi-même, là, comme ça, au lit.

Amy Hempel, En forme de cœur, Cambourakis, traduction Jean-Pierre Carasso et Jacqueline Huet, P. 78

Jour étrange. Passé au téléphone passé dans des parallélismes. Passé par le kiosque à journaux (ça existe encore donc les kiosques à journaux ?). Je suis dans l’inconfort. Faut régler des histoires de timing, après seulement démissionner. Incapable de plus lire sous la terre, je pense trop. Depuis des jours je dors allongé sur le dos sans bouger, sans bouger, de peur de déclencher des choses, ça s’appelle des douleurs. Jamais aussi bien dormi qu’à présent. Au Théâtre du Châtelet, à l’orchestre mais au fond, sous plafond mais en bas, la Belle Hélène (des fonds bleus de partout).