Si Darwin a raison, des animaux qui se nourissent de plastique et de déchets irradiés ne devraient pas tarder à apparaître. Ce seront peut-être d’abord des virus, puis des bactéries qui évolueront rapidement pour devenir des monstres bien massifs. Quel monde ce sera !

Imre Kertész, Journal de galère, Actes Sud, traduction Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba, P.250

Mon dernier jour chez STAT. Rempli de pensées, dernier, dernière. Mais c’est faux, non. Tout est passé très vite. Oui j’ai fait mes adieux. Repas rue Louis le Grand. On m’a offert des trucs j’ai dit merci. J’ai fait mes adieux oui. C’est la première fois que je fais des adieux. Au collège des Sources, j’étais parti sans mot, je ne me souviens même pas avoir rendu mes clés (j’ai dû le faire, mais je n’ai rien dans ma mémoire), et puis je suis sorti par le portail à pied, j’ai mis l’Archos, jeté un œil au terrain de foot, longé la route un moment, pris mon tram, remonté tout au nord de la ville où H., oui, probablement que H. m’attendait pour rentrer une dernière fois par la longue Nationale. Chez SeB j’ai séché mon propre pot de départ. Chez PDG il n’y a pas eu de pot de départ, ou plutôt si, il y en a eu plusieurs, nous étions tous conviés : chaque fois qu’il nous avait semblé que nous serions virés, souvent c’était remis à la semaine suivante. Et donc, là, quatre ans après être arrivé, et j’ai dit quelque chose, pas un discours juste quelque chose, quelque chose de vrai d’ailleurs, de sincère, car, oui, j’ai appris. À mon retour rue T. Soupir est semble-t-il mourant. Il a perdu quasiment l’usage de ses deux pattes arrière. Il ne peut plus que gir, non, gésir. Plusieurs fois j’ai cru qu’il était mort, H. lui a dit des berceuses, je lui ai bredouillé des mots. Il a fallu regarder avec attention son thorax pour voir que, non, oui, il y avait de la respiration. L’avons mis dans la petite cage de transport pour la nuit et au chaud : qu’il puisse tenir, tenir debout tout seul. Soupir, je ne sais pas comment il fait pour tenir depuis tous ces mois qu’il balance, qu’il tangue, que le moindre coup de vent ça le fait pencher (pire que pencher). À cause de son patrimoine génétique, il aurait dû mourir dix fois, mais il n’est jamais mort. Et quand je rêve de lui je ne suis jamais sûr, il y a incertitude.


dimanche 4 octobre 2015 - lundi 6 mai 2024




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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)