Quand on regarde les transferts du PSG cette saison dans le sens des départs, voilà ce qu’on obtient : Adrien Rabiot, Juventus de Turin (fin de contrat), Timothy Weah, Lille (10M€), Christopher Nkunku, Leipzig (15M), Moussa Diaby (Leverkusen, 15M), Arthur Zagre, Monaco (10M€), Stanley N’soki, Nice (12,5M€), Ruben Providence, AS Roma (500k€), Rémy Descamps (Charleroi, 400k€), et j’en oublie. Auxquels il faut sans doute ajouter, si l’on en croit la presse ces dernières vingt-quatre heures, Alphonse Aréola, Real de Madrid (prêté dans le cadre du transfert de Keylor Navas). Les arrivées sont correctes, encore qu’il s’agisse surtout de joueurs de complément, peu de titulaires en puissance. Rien de rutilant. Ça ne me dérange pas que ce ne soit pas, pour une fois, rutilant. Mais quand on regarde ces joueurs, vendus pour la plupart, quel est le point commun qu’on leur trouve ? Ce sont tous des joueurs issus de centre de formation du club. Et pourquoi on les vend ? Pas pour financer de nouvelles arrivées mais pour financer le recrutement lunaire de Neymar et de M’Bappé il y a deux ans. Comprendre donc qu’on sacrifie le futur du club pour le passé. C’est, je crois, l’une des manifestations dans l’espace footballistique de l’expression communément employée marcher sur la tête. Et on ne me fera pas croire que des mecs comme Zagre, Weah ou N’soki n’auraient pas été plus utiles, au cours d’une saison que, je ne sais pas moi, Jesé, ou même Sarabia. Si l’auteur que je suis était un joueur de foot, je me demande ce qu’il serait. Je veux dire, je sais quels postes j’ai pu jouer en club (défenseur central, on disait alors stopeur, latéral droit des fois), et à quel poste j’étais le meilleur (gardien de but), mais là ça n’est pas de moi qu’il s’agit mais de ma pratique de l’écriture. Par exemple, je sais n’être pas un 9 ¹, car je ne suis pas assez égoïste devant le but. Et soyons sérieux ici, je ne suis pas non plus un Zidane, un Riquelme ou un Platini, un genre de génie capable de tout débloquer sur un ou deux gestes et voyant les choses avant tout le monde. Je ne suis pas assez rapide pour un être un ailier, faux pied ou pas. Non, je dois sans doute être une espèce de milieu relayeur ou récupérateur, un genre de lien entre la défense et l’attaque, pas franchement talentueux et pas assez travailleur sans doute, lent dans mes déplacements, mais doté de quelques intuitions qui, au cours d’un match, peuvent s’avérer décisives. Par exeple, relisant Grieg, et trouvant bonnes les parties que je croyais mauvaises et mauvaises celles que je croyais bonnes, je tombe sur ce passage que j’avais totalement oublié, écrit vers la fin, et qui fait figure, si on file notre métaphore footbalistique, de l’un de ces gestes un peu étranges auxquels personne autour du terrain ou sur n’aurait pu penser mais qui permettent de changer complètement le sens du jeu. Un genre de transversale brutale et complètement téléphonée mais qui, du moins c’est ce que je pense, finit dans les pieds. Ou une passe aveugle qui donne la possibilité à quelqu’un de partir dans le dos de la défense. C’est fou. Rien que pour avoir vu ça, je suis content d’avoir repris ce texte (si tant est que relire de façon anarchique quelques 30 000 mots en avançant de quelques pages à peine par soir, on puisse appeler ça reprendre).