Quand on lit l’interview d’un poète, du moins de quelqu’un qui a écrit de la poésie, indiquant qu’il lit très peu de poésie, on est en droit de s’interroger. Pourquoi écrit-il de la poésie s’il n’en lit pas ou peu ? Ne manque-t-il pas un rouage essentiel dans la machine ? Peu importe après tout : si le PSG est capable de jouer avec près de la moitié de son équipe en moins, on doit pouvoir écrire de la poésie sans en lire, on doit même pouvoir écrire tout court sans rien lire du tout (cela se voit). Par exemple, depuis un peu plus d’un an, nous avons enfin un gardien de but (avant, nous jouions sans gardien, il faut le savoir), mais nous n’avons pas de défenseurs latéraux dignes de ce nom (c’est semble-t-il culturel au PSG). Plus embêtant, nous n’avons aucun milieu de terrain (et hier contre Leipzig ça s’est tellement vu que l’entraineur a conçu une stratégie pour palier à l’absence de joueurs au milieu ; on comprend mieux pourquoi il préfère titulariser Marquinhos à un poste qui n’est pas le sien : car les autres ne sont pas là). Enfin, nous jouons aussi sans avant-centre (Cavani parti non remplacé, Icardi parti au McDo du coin en mars et porté disparu depuis), laissant l’animation de la ligne d’attaque aux deux offensifs de devant, qui ne sont ni neuf, ni faux neuf, ni neuf et demi, ni ailiers, ni meneurs, ni rien du tout, juste ça, offensifs. On peut donc parfaitement gagner (salement, mais gagner néanmoins) avec une machine qui tourne à vide. Et puis Maradona est mort. Je n’ai pas connu Maradona. Je veux dire : je n’ai pas connu Maradona de son vivant. Je veux dire : je n’ai pas connu Maradona pratiquant le football. Comme Platini ou Cruyff, c’est une image d’archive pour moi, Maradona. Je ne sais pas quel est mon premier souvenir de football, mais il doit être lié au maillot vert avec le rond rouge Casino du début des années quatre-vingt-dix, période Joseph-Antoine Bell. Ça doit correspondre à la saison 91-92. Par exemple : Kastendeuch et Titi Camara, ça me parle. Mais pas Thierry Laurey ou Rob Witschge. En 91-92, Maradona est toujours en activité si l’on en croit sa page wikipedia. En 91, il quitte Naples. Il est donc contemporain de ma découverte du football, mais pas présent néanmoins : mon football alors était stéphano-stéphanois, et Maradona n’a pas joué à l’ASSE. Tout au plus, je visualise Carlos Valderama à Montpellier, mais c’est à peu près tout, l’Amérique du Sud s’arrêtant sans doute à l’époque à l’Hérault.