Apparemment, je suis condamné à avoir la migraine les premières nuits quelque part. Ce n’est même pas si fort que ça. J’ai quand même envie « de m’arracher l’intégralité du petit cordage ». Autrement dit les nervures. Il faut 25 minutes pile pour faire le trajet à pied de la rue S. au bureau. La rue Cardinet est longue et, à cette heure du jour et en cette saison, intégralement à l’ombre. Il fait jusqu’à 34° aujourd’hui et me voilà dans les couloirs surclimatisés du bureau à aller chercher puis à rapporter à quelqu’un une doudoune corporate siglée Spectre pour des essayages très Twillight Zone, je trouve. Et puis on me donne à corriger un rapport d’une vingtaine de pages, chacune bardée du logo confidentiel. C’est une traduction de l’anglais réalisée par une main non-humaine. Qui sait l’original a-t-il été aussi écrit de main non-humaine. Résultat, c’est tout à fait logique que ce texte manque d’humanité. « Calling you » comme musique d’ascenseur téléphonique. Bonnes pratiques ’management’ : comment devenir une entreprise LGBT friendly ? Dès qu’un livre marche en sortant des sentiers battus, il se trouve un autre auteur et un autre éditeur pour en faire un copycat et, le pire, c’est que ça marche aussi. Il est beau « l’ultra-contemporain. » Qui aurait cru que la fin du monde serait aussi comique ? Le Président de la République s’est levé hier matin en se disant eh ben si c’est comme ça, on va faire en sorte que chaque collégien plante un arbre durant sa scolarité et aujourd’hui il faut imaginer le branle-bas de combat des huiles dans les ministères pour mettre en place la dernière lubie du PR. Mais il y a pire : après une année calamiteuse, l’immobilier du métavers poursuit son effondrement en 2023. Au parc Monceau, des quidams tournent un film ou que sais-je. Au moment où mes écouteurs filaires me lâchent, j’apprends qu’en quarante ans, la durée de vie des équipements numériques a été divisée par deux.