Hier au U, j’ai oublié de prendre du sel et de la cire. Deux choses dont je sais qu’elles se trouvent à Paris, rue S. Heureusement que j’y retourne aujourd’hui pour une nouvelle semaine. Finalement, ma vie est comique : non seulement le sport que j’ai fait hier ne m’a aidé en rien à dormir mieux cette nuit, contribuant à désamorcer la migraine hebdomadaire du lundi, ce qui était l’objectif, mais en plus il a suffi à déclencher une migraine préventive du dimanche qui s’est tapie toute la nuit. Qu’est-ce qu’on s’amuse. C’est une de ces migraines sans douleur : quelqu’un pose un doigt sur ma tempe. Je n’ai même pas pu expérimenter mes patchs refroidissants. Je me fais un maté corsé à 4 h 40 pour que tout passe et tout passe. J’ignore pourquoi il a des effluves d’abricot ou de mandarine. Il n’y a aucune de ces choses dans ce maté. Bien que je ne l’ai pas écouté depuis des éons, j’ai « I want it all back » dans la tête. Les hommes portent des vestes par-dessus leur chemise blanche pour ne pas qu’on leur voie le torse par transparence. Vie à vendre n’est sans doute pas à mettre au panthéon de l’œuvre de Mishima mais enfin disons que ça vibre bien.

Un insecte banal, volant de fleur en fleur, un insecte flemmard qui, à part fourrer son sale petit nez dans le pollen jusqu’à en suffoquer, n’avait jamais rien fait de sa vie, venait tout juste, sous forme de poudre, de pénétrer dans le corps de Hanio, mais le monde n’allait pas se métamorphoser pour autant en champ féérique de fleurs sauvages.

Mishima, Vie à vendre, Gallimard, traduction Dominique Palmé