Quelles que soient leurs opinions, peu importe les sujets les gens savent. Ils savent, et font étalage de ce ce « savoir » sous la forme de micro-messages qu’ils s’adressent au fond à eux-mêmes, sans doute pour se prouver qu’ils savent. Nous sommes dans l’expression d’une maladie au sens propre : nous ne savons pas dire et pourtant nous disons. La plupart du temps, ça échoue. Peut-être que tout le temps ça échoue. Il en va de même pour les trucs que nous tentons d’écrire : plus je me déverse dans un plan pour LS, moins j’y vois clair. Tout est enseveli sous de la parole, que je stocke là pour ne pas la perdre, ou l’oublier, mais que je rechigne ensuite à ôter. Pacifier. Épurer. Si bien qu’au bout du compte, je ne sais plus exactement ce que je veux dire avec ça. Ce projet. Cette fiction. Elle est maintenant surdéterminée. Trop de sens, pas de sens. D’autant que bien qu’ayant tant écrit je n’ai rien écrit encore. Quelle situation absurde. Il faut se mettre beaucoup dans l’inconfort pour offrir un texte confortable à lire pour autrui. (...) J’ai un fétiche quand je vais quelque part. Je n’aime pas recourir au GPS comme on dit en marche alors je consulte le fameux site de cartographie en ligne avant, et je note sur un bout de papier des directions, des rues. Des instructions sommaires mais non dessinées, écrites. Ensuite, fatalement, j’oublie d’emporter le papier. Là, je me souvenais que pour aller jusqu’à Q. il me fallait longer le canal. J’ai donc longé ce canal. Mais un canal, ça peut se longer dans (au moins) deux sens différents, figure-toi : le bon et le mauvais. Maintenant je le sais. Où que j’aille, je vois des gens qui filment des clips de rap dans des lieux publics. Les reflets d’eau sont de lumière, Maël Guesdon ¹ : Le monde se lit dans l’eau. Quelque part, un volume de Hunter X Hunter sur une table, posé entrouvert, en train d’être lu bien que personne ne soit là pour le lire.