À mes yeux, la crème solaire, c’est du 1^er juillet au 31 août. Je raconte ça à H. J’en paie les conséquences. Il fait très beau et le temps de traversée en bateau est de 45 minutes. Des heures nous marchons sur le sentier côtier qui fait le tour de l’île, mais nous sans faire le tour complet de l’île. Près d’une Vaubannade, sur le toit d’une demeure, une chèvre broute les herbes, les mousses. Énorme, elle est. Pas loin, vers midi, un mec chelou nous a tapé la discute au port à la terrasse d’un ancien rade local reconverti en ginguette servant du maté glacé et du fenouil bio. Toi, t’as de belles lunettes d’enculé, dit-il. Que répondre à ça ? N’est-ce pas le genre de mots qu’on est censés se sentir autorisé à employer uniquement j’ai envie de dire en toute connaissance de cause ? On s’installe un moment sur une plage, à l’ombre de rochers algueux qui déglutissent. Il y a une brasserie perdue au milieu de nulle part, mais bien qu’il soit l’heure d’ouvrir la personne qui tient la boutique fait les cent pas sur la terrasse, pendue au téléphone. Ses patrons viennent de changer les serrures et ont oublié de la prévenir. Et accessoirement de lui confier un jeu des nouvelles clés. Pas de rafraichissement, donc, et il faudra attendre d’être de retour au port pour une glace à l’orange sanguine (la meilleure de l’île) et un Schweppes agrumes en attendant le bateau du retour, dans quoi l’on peut somnoler.