J’aime le pain d’épices, mais les épices à pain d’épices pas. J’aime lorsque les pensées se mettent à faire des phrases, et qu’il y a urgence à les coucher de peur qu’elles ne se dissolvent au contact de l’air libre (ou non libre), et c’est ce que je fais pour Bajir avant mon train du lundi : ça s’appelle « Un acte d’amour », et c’est la fin d’un chapitre, voire d’une partie (à supposer seulement qu’il y ait chapitres, parties). J’aime méprendre le bruit du vent au dehors pour un bruit de vagues, mais pas que le vent ne soit que du vent et que la mer gise à des kilomètres de moi. J’aime moins que les gens de part et d’autre de moi dans le train bossent déraisonnablement au risque de s’obsolescer eux-mêmes à force de se consacrer corps et âme à leurs fonctions, le tout à des heures indues. La personne à ma gauche sur son reporting trimestriel léché en ppt, la personne à ma droite veillant sur son agenda Outlook tout coloré de zones. Un ponte de Spectre prend le même train que moi le lundi matin 6h35, ce que je soupçonnais déjà vu qu’il nous arrive d’arriver précisément au même moment au bureau, et de prendre les mêmes lignes (ce qui doit être stressant pour lui car il est juste au niveau des horaires et mazette il doit tout de même siéger au codir chaque semaine à 9h, ces gens sont importants). En ayant les bons métros aux bons moments et en quittant le train à sa tête plutôt que depuis ma rame, je ne peux pas arriver plus tôt à mon poste que 8h42, ce qui est vraiment vraiment très tôt. Quelqu’un a-t-il déjà fait la blague enlarge the size of your EU ? Sans doute que oui. Quand je suis heureux, j’achète des sachets de chips. Le nouveau palais de justice est tellement étrange que jamais le verre de ses vitres ne reflète le même bleu, se calant sur les ciels. Arrivée rue de Rome, je me dis : c’est moi ou la lumière est belle ? Je n’ai pas le temps de prendre de photo. C’est déjà du passé. Et ce n’était pas moi.