On se fait petit à petit aux recettes sans gluten et sans sucre ajouté. Je veux dire, il y a des possibilités. Des couacs, aussi. Par exemple, ces spaghettis de quinoa qui sont en fait, mais pour le savoir il convient de lire attentivement et de façon exhaustive la liste des ingrédients, des pâtes de blé et de quinoa, avec l’équivalent de 10% de quinoa, ce qui semble suffisamment néanmoins pour pouvoir les appeler spaghettis de quinoa et ne pas se faire taper sur les doigts par, je ne sais pas, la DGCCRF ? Est-ce que c’est le job de la DGCCRF d’aller goûter des pâtes de quinoa qui en réalité n’en sont pas ? Bref, il faut tout vérifier. Partir aussi en quête de sucre ajouté car, fatalement, la plupart des produits sans gluten industriels sont blindés de sucre. Donc à part préparer tout soi-même, je ne vois pas. Mais des recettes, oui. Des trucs simples. Piocher dans les paniers des amap. Poêlée de potiron aux champignons. Gratin de pommes de terre et blettes à la crême de soja et au fromage de chèvre. Des pâtes de riz et/ou de maïs. De lentilles. De sarrasin. Des galettes donc. Du riz, du quinoa, des pommes de terre cuites au four. Et beaucoup de poisson. Eau de coco aussi. C’est pas bon. Mais il parait que c’est bon. Ce genre de trucs. Hier, j’ai découvert que le Monoprix de la rue de Reuilly, où l’espadon décongelé sous plastique est presque au double du prix où tu le payes au marché frais soit dit en passant, avait un niveau -2. Je ne l’avais jamais vu. Là, ce sont des graines de courge ratées. Elles ont cramé sans nous. L’appartement est empli de fumée. Il faut ouvrir les fenêtres. Je n’ai pas vu la lumière du soleil depuis le début de la semaine, je crois. Le bruit a disparu, c’est l’effet majeur (et spectaculaire) de ce nouveau régime. Il subsiste des trucs. Douleurs très brèves, de basse intensité parfois. Douleur de manque dues au café, à la même heure. Douleurs visuelles, déjà présentes avant mais là réduites à leur plus simple expression sur le tracé du nerf. Mais, globalement, il faut réapprendre tous les signes. Être déséquilibré. Se situer par rapport à ça. Savoir jusqu’où on peut aller car, pour l’instant, je prends la douleur comme un signal : quoi que tu sois en train de faire quand ça se manifeste, ne le fais plus. Il y a sans doute matière à reconfigurer ou redéfinir non pas la sensation elle-même mais mon rapport à elle. C’est assez déstabilisant : tous les signes avant-coureurs que je peux encore percevoir, n’étant plus suivi des faits, comment les interpréter ? Alors j’attends un truc qui ne vient pas, ne parvenant pas à concevoir que ça ne finisse pas par arriver malgré tout car je ne suis pas dupe. Je me doute bien que tout rejaillira un jour.