Sur fond de Frosti-live (même s’il faisait chaud ce jour là).



(faux croquis)


le train lentement s’écrase (fuse) le long des rails et le train s’arrête, il s’arrête, progressivement à peine, les corps pris au dedans lentement s’écoulent hors des portes ouvertes, c’est à dire celles qui sont de l’autre côté des fermées, c’est à dire celles qui nous font face (fermées), celles qui nous frôlent (fermées), celles qui restent closes malgré l’annonce du conducteur : terminus terminus tout le monde descend tout le monde descend gare à la fermeture, fermeture des portes, puis le long grésillement sonore qui annonce, justement, la fermeture, fermeture des dites portes

(faux croquis bis)

lui, il est déjà là derrière les portes closes, devant les portes ouvertes, entre les deux donc, puis enfermé à l’intérieur bientôt lorsque le son retentit et que les portes (les autres) se ferment, après l’annonce du conducteur, avant le signal sonore, l’autre, celui de l’ouverture des portes, les autres, celles qui se trouvent de notre côté, de notre côté c’est à dire la foule qui s’amoncelle, la foule c’est à dire moi, entre autres, pris en silence au cœur des corps immobiles, nous attendons, attendons que les portes s’ouvrent

(vrai croquis mais si peu)

lui, il apparaît derrière la vitre et il sourit, peut-être un peu, arrogance adolescente en travers de la tronche qu’il laisse fixée derrière la vitre, il ne sort pas, se laisse enfermer, le train n’ira pas plus loin, repartira dans l’autre sens, mais lui s’en fout, lui cheveux noirs et teint mat, lui veste bleu cobalt et baggy bas sur les hanches, marque du caleçon tatouée derrière, lui les mains dans les poches, lui ses yeux ouverts face à nous qui nous regardent fascinés, lui qui enfermé face à nous nous tient tête, lui qui nous fixe et tient long son regard dur, lui c’est le plus fort, capable de tenir la distance face à nous, les yeux serrés il les garde face à nous, les mains dans les poches il tient haut le regard qu’on s’échange et, nos yeux rivés sur lui, il assume sur lui quinze regards de plus que lui et il sourit, il ne s’évanouit pas – il existe


mardi 21 avril 2009 - jeudi 25 avril 2024




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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)