Ici ou ailleurs, je ne fais que retranscrire des phrases. L’une d’entre elles au matin est : tout ce que j’aime, c’est l’espace et l’autre : partout, il y a la guerre. La première n’est qu’un succédané d’un slogan publicitaire des années quatre-vingt-dix (et si le véritable luxe, c’était l’espace), la seconde le début d’un poème que j’ai écrit il y a des ans dans Mondeling premier du nom. Une troisième s’en vient, qui n’est que bon sens : le carrelage est froid pour qui a des pieds. Le véritable luxe, c’est de ne savoir pas où l’on va quand on va. Dans Le Soleil, grosso modo à la milivre, à l’irruption de la phrase Cela ressemble à une épaisse flaque de chair couleur rose hortensia, qui nappe la surface étale du bassin, au centre du cabaret, le papier blanc devient rose, le tout pendant une petite centaine de pages. C’est la première chose que l’on voit quand on saisit le livre, ce halo chaireux au cœur des cahiers. Un peu plus loin, un signe au crayon dans la marge (j’ai acheté ce livre moins d’un dixième de sa valeur chez un bouquiniste) laisse entendre que son propriétaire précédent à voulu signaler la phrase C’est un carnage sans bourreau, dont l’unique acteur, dépourvu de forme et de raison, s’annihile sans autre bruit que celui des claques qu’il s’inflige et du crissement feutré de sa chair qui se déchire. Encore un peu plus loin en revanche, la personne n’a pas signalé la phrase Chacun, chacune semble vouloir embrasser la rotondité de l’autre et par cette étreinte manchote se l’incorporer tout entier mais moi si.