« Boulot », mot clé numéro 9. Une cinquantaine d’entrées répertoriées à l’intérieur, qui ne compte pas les archives d’avant septembre 2008. Demain, encore, retourner voir Svetlana, celle qui suit mon dossier « Boulot », censée m’aider à en retrouver. Je lui ai envoyé, une fois encore, une mise à jour de ma liste fictive d’emplois bidons et d’offres en toc. Tous ces adjectifs, elle ne les voit pas : je les ai masqué du titre doc original.

Je passe environ une heure à chaque fois à remplir mon excel. Ce n’est pas cher payé pour être tranquille. Mais des fois je me trompe. En cherchant de vraies annonces censées pouvoir passer pour des fausses je ne sais plus très bien. Est-ce que je cherche ou est-ce que je ne cherche pas ? Vais-je postuler réellement ou bien me contenter de remplir le tableau ? Devant certaines offres, je doute. Ce boulot d’assistant administratif pour les Services Funéraires de la ville de X., par exemple, en voilà un qui me mettrait au cœur d’une vie parfaitement inattendue, donc résolument divertissante. De cette façon pouvoir appeler L. un jour, ou bien se voir, et puis ensemble « parler boulot », comparer les services. Ce serait, résolument, divertissant. Et c’est finalement la seule part du boulot qui m’intéresse : celle, fictive, qui se déploie.

C’était imiter en tout point la journée de la veille, le travail en
moins, dans des espaces de plus en plus désertés par les
commerciaux et les productifs, mais moins qu’ils ne le
seraient la semaine suivante, imaginait-on sans se représenter
pour autant ces lieux entièrement déserts, comme on
imaginait pas le boulevard périphérique vidé de ses véhicules.

Joachim Séné, C’était