Ici posé sur la gauche de la route à contre-sens il me demande de prendre le volant pour nous ramener ailleurs. Je sais conduire dans les rêves. Vachement mal mais je sais. Ici non plus je n’ai pas le permis. Et je suis sous l’emprise du médoc qui m’interdit, de facto, de conduire. Et je porte les lunettes quatre qui m’interdisent, de facto, de conduire.

J’envisage un moment de suspendre Morphine. Peut-être pas définitivement, mais pour quelques semaines, mois. Fatigué par la cadence quotidienne et aussi, disons-le simplement, par le désintérêt total. Aucune stat de lecture mais pas besoin de stats. Continuerai, pourant, animé par quelque chose ¹.

À un moment précis de la journée : besoin de couper le son qui tourne en boucle depuis le matin, de la musique électronisante, des commentaires de foot que je regarde pas, le son de mon corps en mouvement. Tout ce que je veux entendre c’est le bruit de mes mots chuchotés quand je relis ma trad d’hier ² et le bruit du clavier quand je commence à marmonner un truc qui me dépasse. Je suis bien dans le silence. Posé quelque part et bercé moi aussi par le bruit des marées de la rue : les bagnoles qui remontent vers la place ou qui descendent pour s’engouffrer dans les tunnels dessous Bercy.