Je croyais que c’était une femme noire. En vérité c’est un homme blanc. Son livre est très quelconque. Si je l’avais acheté, je me dirais des trucs comme je n’en ai pas pour mon argent. Le problème quand on pense ce qu’on pense, et que ces pensées on en dévoile la pointe émergée dans un journal rendu public par des octets ou de la data c’est qu’on peut très facilement passer pour un douchebag. Hier, j’ai écrit quelques lignes d’un texte pour Grieg au cours duquel un personnage, qui se raconte à la première personne, évoque sa rencontre avec un autre personnage, appelé Guillaume Vissac. Ce n’est pas très original. Plein de textes usent déjà de ce stratagème. Mais plus j’écrivais ce draft, plus le narrateur se focalisait sur tout ce qui, chez ce Guillaume Vissac, le révulsait. Ce n’était pas véritablement prévu à l’origine. J’ai regardé ça un peu froidement. Peut-être que tout ce que j’écris conspire à me détruire. J’écris de la fiction dans l’espoir (inassouvissable) de m’effacer de l’existence. Non : j’écris de la fiction dans l’espoir de pouvoir me voir effacé, tout en restant moi-même dans une position très confortable, spectratrice. Après avoir pensé cela, je fais ce que je fais de mon matin. Je lis un peu. J’écris à H. Je prends des nouvelles des bêtes. Soit le traitement de Poulpir commence à faire son effet, soit elle prend particulièrement sur elle de prétendre aller bien. S’il était nécessaire, pour sa survie, de lui administrer un traitement tous les jours deux fois par jour, l’accepterais-je ? Ce serait comme remonter le mécanisme d’une créature artificielle et ça m’irait. Je veux dire, si la vie était à ce prix ça m’irait. Et puis, quelque part, c’est ce que nous faisons nous autres (en écrivant, en lisant, en éprouvant, en aimant). Pleine page de pub dans le Figaro : si vous êtes de droite, l’info c’est sur RTL. Pleine page dans Libé : si vous êtes de gauche, l’info c’est sur RTL. Sur cette affiche de film, Isabelle Huppert (on n’y voit qu’elle), soixante-dix ans, semble en avoir trente. Elle est manifestement un effet spécial à elle toute seule comme entendu l’autre jour à la radio. Après avoir passé un bout de la soirée avec J. à défaire ou détruire le monde des lettres, m’engouffrant dans une bouche (de métro), il ne se passe pas trente secondes avant que j’entende quelqu’un dire ouh, c’est pas le nouveau Houellebecq ça ?