Je ne devrais pas réécrire ma lettre de motivation standard, celle dont on dit qu’elle est « type », pendant lecture et traduction d’extraits d’Overqualified, de Joey Comeau. C’est juste la meilleure mauvaise idée du monde (et j’ai du mal à m’en défaire).
Je crois surtout que ça n’a rien de grave, car derrière le traitement de texte j’ai aucune offre d’emploi de disponible à laquelle je pourrais céder ce jour. Jeudi Svetlana m’a rappelé que même si j’étais moyen chaud il fallait (...)

On m’a rappelé depuis Mumbai. La question de cette fille, c’était : pendant un bon repas vous préférez du rouge, du blanc ou du rosé ? J’ai répondu que je buvais pas d’alcool. Même pour les grandes occasions ? J’ai répondu surtout pour les grandes occasions, oubliant un peu vite que pour la mort de PDG on s’était réunis tous entre nous, les futurs-ex collègues, pour vider tous ensemble les dernières bouteilles de Champagne stockées au frais pour Dieu sait quel super événement à venir. On (...)

Ce nouveau cabinet qui me veut pour une heure a vue sur les Champs. Dehors le ciel est gris, les Champs sont vides, ce qui ne m’empêchera pas, une heure plus tard, en repartant, d’empiéter sur l’image d’un film de touristes planqués plus loin. J’ai fait mon plus beau sourire, j’ai dit voilà : on m’attend pour que la fille derrière l’accueil comprenne ce que je foutais là : elle m’a envoyé m’asseoir avec les autres. Dans le miroir de l’ascenseur me suis rendu compte que ma belle veste noire (...)

Ça commence à me fatiguer ; j’y vais quand même. Ces entretiens toujours les mêmes, les mêmes costumes, les mêmes cravates, les mêmes corps à l’entrée qui accueillent, les mêmes sièges de salle d’attente en cuir, les mêmes bureaux (des aquariums), les mêmes pompes noires et bien cirées, les mêmes portes, les mêmes moquettes, les mêmes marches d’escalier, les ascenseurs (toujours les mêmes), les mêmes halls d’entrée, les mêmes super plaques sur la façade immeuble, les mêmes rues toujours en (...)

Je sais maintenant que je suis irrésistible. Des mecs se battent entre eux pour pouvoir m’embaucher. Svetlana à qui je raconte mon aventure d’hier est sur le cul. Je l’ai mise sur le cul. Je lui ai dit écoutez ça. Mon premier entretien d’hier découle directement de ma rencontre avec le manager Endive Braisée lundi. Car d’après lui j’avais le profil. Voilà pourquoi il m’a obtenu ce rendez-vous, cette fois avec la boite directement. Cet entretien s’est plutôt bien passé. Ce que j’ai dit ? La (...)

Je sais pas trop par où finir car, oui, ça sent la fin et je l’ai dit. J’ai décidé de vivre une sorte de remake de mercredi, mais à l’envers. Deux entretiens à cinq cent mètres de distance, cinq heures entre les deux, dans le désordre. Deux entretiens numéros deux. Et Svetlana jeudi qui me conseille littéralement « d’accepter les deux jobs » si d’aventure les deux me sont offerts. Je me dis qu’à un moment donné, ce genre de conseil va se montrer problématique. Pour le premier entretien le (...)

J’ai plus besoin de coller ne serait-ce qu’un oeil sur le mode d’emploi de la cravate pour correctement me l’accrocher au cou : c’est un signe. Un sale signe. C’est déjà la troisième fois en une semaine que je me pointe au pied du même immeuble pour un autre entretien censé être le dernier, toujours dans la même pièce et je fatigue. La personne à l’accueil connaît d’avance mon nom. J’écris, j’écris, j’écris dans ma têtes quelques idées muettes. J’attends que le DG se pointe et je me (...)

J’ai écrit sur une partie de la couverture en carton, celle qui se tient si mal après deux ans et demi d’irrégulière utilisation. Je suis allé au bout de toutes les pages. Alors seulement j’ai refermé le cahier jaune, je l’ai rangé avec les autres. Ce que je sais de ce cahier c’est qu’il n’est pas tactile ni iPhone mais que j’en ai encore un peu besoin pour des raisons X ou Y mais toujours parallèles à moi-même. Ce que j’en sais, outre le jaune, c’est ce qu’il dit lui-même « cent pages, (...)

Je reçois encore des appels de cabinets qui souhaitent me « positionner » et je réponds : laissez-moi juste où je suis. Je suis un steak sur un grill (je crois que le grill est froid). Je dis j’ai déjà trouvé quelque chose et je m’excuse pour ça. Leur faudra du coup démarcher d’autres steaks.
Neuf mois après licenciement et deux jours après avoir signé mon contrat chez STAT, je reçois aussi par mail ma première proposition de Pole Emploi pour une mission intérim de trois mois. Si je ne (...)

Je suis allé faire mes adieux à Svetlana et lui confier copie de mon contrat de travail, celui fraîchement signé chez STAT dix jours plus tôt. Un peu avant, englué dans mon fauteuil bouillant, salle d’attente la même que d’habitude, j’écoutais les échos d’un dialogue entre un mec et un autre, costard cravate les deux, l’un conseillant à l’autre les meilleurs trucs pour licencier utile et tout ce qu’il faut savoir sur les congés de reclassement, les fautes diverses, la CRP et puis les trucs (...)