C’est dans cette pièce que le maître aurait lors d’une grave maladie rédigé ses dernières volontés et non dans son bureau du premier étage, immobilisé qu’il était au rez-de-chaussée où il campait provisoirement.
Son domestique d’alors qui finit ses jours à l’asile le soignait avec dévouement selon les uns, le séquestrait selon les autres.
Robert Pinget, L’apocryphe, Minuit, P. 24
Pas de place pour autre chose que pour Karamazov dans les rêves 1 et comment, comment en tirer autre chose que de la noirceur ou de la mélancolie dans l’écriture, comment en tirer de l’extase et de la joie, un moteur ? Une lumière orangée en plein milieu de l’après-midi. Étique, on peut dire ça. J’ai fait caraméliser des trucs. On comprend beaucoup de choses à l’écriture des autres en se penchant sur leurs lectures, ici dans ce passage de L’apocryphe, l’autre jour dans Paysage de fantaisie. Je me demande qui colle les cartes de mutuelle sur les courriers de décembre. C’est pour l’année suivante, oui, mais qui fait une boule de cette colle élastique, éphémère, qui ? Et en quoi elle est faite cette colle ? Et une empreinte digitale dans la matière de cette matière ? Glass bien sûr, les études, mais au-delà ce soir : Tchaïkovski, Liturgie de saint Jean Chrysostome. Puis la Valse triste de Sibélius et c’est Christine que ça m’évoque. 1825 mots écrits en partie là-dessus. Pas les mots que j’attends mais des mots préalables qui conduiront, demain, vers ce que j’attendais moi ce soir. Un regard sur les stats : depuis que je me suis remis à Eff il y a quelques semaines, j’ai écrit plus de 27 000 mots et je ne suis pas encore où je voulais aller. C’est moitié moins que le livre de Jean-Pierre Suaudeau sur quoi j’ai recommencé de travailler cet après-midi et il faudrait sans doute en faire dix fois plus pour s’octroyer le luxe d’en jeter la moitié ou les deux tiers.