![]() 16 septembre 2020Que cherchez-vous ? Il n’y a pas de vérité. Il n’y a que de l’action, l’action qui obéit à un million de mobiles différents, l’action éphémère, l’action qui subit toutes les contingeces possibles et imaginables, l’action antagoniste. La vie. La vie c’est le crime, le vol, la jalousie, la faim, le mensonge, le foutre, la bêtise, les maladies, les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, des monceaux de cadavres. Tu n’y peux rien, mon pauvre vieux, tu ne vas pas te mettre à pondre des livres, hein ?... Moi je ne sais pas si, dans l’écriture, l’effort qui s’opère s’apparente à une quête de vérité. Tout récit n’étant qu’une enquête (satisfaite ou non, assouvie ou pas) ? Par exemple, je n’aime pas beaucoup Le Maître du Haut château, mais dans Le Maître du Haut château la quête de vérité des personnages du récit (le livre d’Abendsen) est une quête de vérité fausse : l’histoire d’un monde non conforme au leur. Ce faisant, c’est, aux yeux du lecteur, une quête de vérité vraie : l’histoire du monde telle que nous nous la connaissons. Dans Monster, la quête de la vérité est une quête de la lumière ; pour l’obtenir, il faut toujours plus avant s’enfoncer dans l’obscurité. Mais les révélations qu’on trouve au bout de ces (en)quêtes sont souvent décevantes ou, du moins, communes. C’est facile de faire naître des attentes fortes chez un lecteur ; moins de les satisfaire. Le peut-on ? Chez Bolaño, généralement, on ne satisfait pas. On suspend. Grieg, l’idée était d’en faire une enquête impossible, interminable. Sauf que ce n’est pas une recherche de vérité qui motive les personnages principaux. De fait, la vérité est partout, dans toutes les bouches. Tout est pris au premier degré. Tout est vrai. Même (surtout) ce qui est dissonant. Peut-on envisager une vérité absolue ? Si tout est vrai en permanence, tout est également faux. Ça ne peut pas tenir. Il est aussi des vérités incompatibles avec ma réalité propre. Ce spam : Éliminez la graisse des pectoraux. La quoi des quoi ? Aujourd’hui 59,9kg. Je suis donc à environ 4/5kg du moment où je pourrais de nouveau me sentir moi-même. Est-ce que manger des crêpes me fera regagner du poids ? Peut-être. Mais ce n’est pas pour ça que j’en fais. Je me dis : finissons les farines, ce sera toujours ça de moins à déménager. Les crêpes sont correctes mais elles n’ont pas la bonne texture. Pas assez liquide. Un lait de coco trop épais. La couleur de la pâte est chauffée par la châtaigne (rousseur) mais éclaircie par le lait (d’un autre blanc que le lait de vache). La cuisson inégale, mixée aux reliefs aléatoires de la pâte dans la poelle dessine des bulbes de sombreur. Et dans l’édition Picquier de Louange de l’ombre de Tanizaki, on peut lire, dans la préface que lui consacre Ryoko Sekiguchi, la phrase suivante : Qu’aurait dit Tanizaki en apprenant que les Japonais, qui découvraient l’éclairage électrique urbain tandis qu’il rédigeait son livre, pousseraient la quête de l’intensité lumineuse au point de connaître une tragédie radioactive ? Mais oui. C’est ça. Une quête non de la vérité mais de l’intensité lumineuse. |