Pierre Reverdy



  • 180512

    18 mai 2012

    Les cadavres tendent bientôt à se regrouper en tas, en meutes. Ils se font de petits conciliabules d’odeurs dans les recoins et les salons des appartements qui défilent maintenant dans le défoncement invariable de leur porte. Bolt se convainc du cul-de-sac, pas de doute, et même au fond du corridor s’entassent effectivement des sacs et, si l’on veut, des culs. Ce sont ceux de combattants abattus dans le dos, tombés sur le ventre, non guère retournés pour identification. Les mouches ont colonisé ces inconnus comme des îles du Pacifique, patrouillent d’archipels en archipels, s’inventent un code d’odeur et de frottements de pattes pour exploiter tout ça en se foutant bien des noms indigènes, des noms tout court, et puis s’il le faut, on renommera.

    Simon Auclair, Cité-Monarque (Fragments du futur 171 : rendez-vous, fuite), Onlit

    Quoi le problème avec Le roman d’Eneas ? D’abord introuvable en numérique, ensuite papier dans la vraie vie, puis des ruptures via Amazon et ce matin impossible de le foutre dans la poche gauche (celle dedans), rentre pas. À la place lu Cité-Monarque de Simon Auclair, aucun rapport, dans l’Odyssey. Un ton d’SF bien dite mais y a trop de mots. Beau l’épigramme de Reverdy et quelques phrases en gris foncé. Ce qui m’a décidé, à l’achat, c’est les premières lignes, celles où ça dit torse. Je sais pas pourquoi mais la question qui me vient en tête serait : elles où sont les lames de rasoir ? Je parle encore du texte. À mon oreille ça manque d’aigu. Faudrait lire Reverdy. Et mon truc, vies //, en est-ce de la SF ? Sais pas trop. Je sais que c’est bien meilleur dans les parties discours direct, j’aurais pas cru. Dès que je repars en narration au tu je me viande. Pour le discours beaucoup appris de ma lecture Guantanamo en mars. C’est au contact qu’on s’arme.

  • 120513

    12 mai 2013

    Salué en passant quelques yeux inconnus
    Où passe le regard que chacun emporte
    Et le nom que l’on a cloué
    Sur chacune des deux portes

    Pierre Reverdy, Avant l’heure, Éditions Derrière la salle de bains

    Finalement, difficile de descendre dessous les 20 000 mots. Je parle de mondeling. Aujourd’hui textes courts : cash (169 mots), le rêve (931 mots), réveillon (468 mots) et l’oeil gauche (466 mots). Ces textes sont des textes peu repris, sommes proches du premier jet dans la plupart des cas. Croyais qu’il faudrait tout revoir : non. Fonctionne. Peut-être les assécher un peu pas plus. Une grosse surprise pour moi. Genre super agréable.

    Ulysse : tutoie quasi les 700 jours dans le back office du crire. Dépassé 5%. Ce que c’est que ça veut dire c’est que maintenant c’est du sérieux, mec.

    Mueller (102 mots) :

    Mueller a perdu espoir : cette suie ne veut pas,
    malgré tous ses efforts, se défaire de ses yeux.
    Aucun doigt aucun pouce aucun ongle n’arrive aux
    fonds des 2 yeux pour la piéger : cette suie est
    donc vivante ? Elle fuit la moindre digitale, le
    moindre centimètre carré de peau de chair & elle
    ne nage jamais aussi bien qu’enfouie dans l’iris
    la pupille l’humeur aqueuse de l’oeil. Le jour a
    pris racine sur le monde depuis plusieurs heures
    maintenant mais Mueller n’en distingue ni formes
    ni couleurs. Il a les yeux ouverts & fermés & le
    monde est le même, jour & nuit & hier ou demain.

  • 210813

    21 août 2013

    Thomas m’offre une citation immatérielle d’Emaz. Dans Cuisine, parlant de Reverdy il dit :

    Ce qu’il appelle « justesse » est un arbitrage entre rigueur et émotion. La force de l’impact vient de là, et va rester.

    Ces temps-ci pas grand chose à te dire. Ni bien ni mal ni vide, simplement pas écrit. Aimerais dessiner le schéma des villes noires que je veux écrire : rien m’en empêche sinon mes pauvres aptitudes graphiques. Par ailleurs, on me réclame photo d’une tête humaine m’appartenant.